mercredi , 22 janvier 2025

Propre

Auteure: Alia Trabucco Zerán

Editeur: Robert Laffont – 22 août 2024 (272 pages)

Prix Femina étranger 2024

Lu en novembre 2024

Mon avis: Estela García est – ou plutôt était – employée de maison dans une « bonne famille » de Santiago au Chili.

« Etait », parce qu’on apprend dès le début de roman qu’elle se trouve enfermée, seule, dans une pièce sans fenêtres, dont un mur est doté d’un miroir, peut-être sans tain, avec peut-être des gens qui l’observent et l’écoutent de l’autre côté. Commissariat, prison, hôpital psychiatrique ? Estela l’ignore, et le lecteur aussi, puisque c’est elle la narratrice et qu’aucun interlocuteur n’interviendra dans le récit.

Si Estela est enfermée, c’est parce que Julia, la fillette du couple qui l’emploie, est morte. Accident, meurtre ?

Tout au long d’un monologue amer et coléreux, Estela raconte son quotidien pendant les sept années passées dans cette famille, bonne à tout faire, mais presque invisible aux yeux de ses employeurs, à peine plus de substance qu’un appareil électroménager dont on se rappelle l’utilité quand il tombe en panne.

Sept années de labeur à tenir la maison propre, à cuisiner et à s’occuper de Julia, peut-être plus et mieux que ses parents, sans pour autant arriver à cerner cette enfant difficile, tourmentée, cruelle, fragile, instable, malheureuse.

Sept ans de solitude dans sa petite chambre humide et sans horizons, à gagner l’argent qu’elle enverra à sa mère là-bas, dans le sud pauvre et rural du Chili.

Les liens entre Estela, ses patrons et Julia sont tissés de rapports de force et de domination, donc d’humiliations et de frustrations, lentement accumulées par tous les personnages, jusqu’au malsain, (à la folie?), et au drame.

Dans un contexte d’inégalités sociales, d’hypocrisie et de faux-semblants, « Propre » est un roman psychologique convaincant, à l’atmosphère trouble et troublante, dont la fin reste ouverte, compte tenu de l’état mental incertain d’Estela…

Présentation par l’éditeur:

La fillette meurt. Voici le fait par lequel Estela commence son récit. Estela, qui a quitté sa famille dans le sud du Chili pour la capitale où elle travaille comme employée de maison. Estela, qui s’est occupée pendant sept ans de la jeune victime, l’a bercée, nourrie, rassurée, grondée aussi. Qui connaît chaque étape ayant mené au drame : la chienne, les rats, les aveux, le poison, le pistolet. Chaque étape jusqu’à l’inéluctable.
Un roman psychologique haletant, angoissant et addictif, à travers lequel notre époque se dessine – une société fracturée par les rapports de domination et d’argent, où les uns vivent dans l’ombre des autres.

Evaluation :

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