Auteur: Célestin de Meeûs
Editeur: Editions du sous-sol – 22 août 2024 (144 pages)
Prix Stanislas 2024
Lu en novembre 2024
Mon avis: Un soir de 21 juin, quelque part à la fin du siècle précédent, Théo et Max, 18 ans et des poussières, glandent dans la vieille bagnole de l’un des deux, sur un parking de centre commercial. Quelques joints et canettes de bières plus tard, ils décident d’aller se poser au calme, près d’une cabane abandonnée dans la forêt, au bord d’un étang.
Ce même 21 juin, le Dr Rombouts termine sa journée à l’hôpital et rentre chez lui, dans sa vaste propriété, à la lisière de laquelle se trouve une cabane abandonnée, au bord d’un étang. Chez lui, le Dr Rombouts se délasse et se prélasse, un verre de whisky à la main, dans sa maison cossue de riche bourgeois, seul depuis que sa femme et ses enfants se sont fait la malle. Un verre après l’autre après l’autre, il se détend. Jusqu’au moment où il entend des voix au loin, du côté de l’étang.
Dans la première partie, le récit alterne les séquences entre Max et Théo d’une part, et le bon docteur de l’autre. Au moment d’aborder la seconde partie, on se dit, on s’attend à ce que ces trois-là se rencontrent, et à ce que la tension qui s’est accumulée, l’air de rien, grâce à la chaleur, la fumette et l’alcool, va tourner au drame. On ne se trompe pas.
Au début, il faut s’habituer au style, fait de longues, longues phrases qui seraient étouffantes si elles n’étaient pas parsemées de virgules et autres signes de ponctuation, qui permettent de respirer juste le nécessaire. Puis, une fois le rythme pris, on se laisse porter et emporter sur le fil du suspense qui se tend inéluctablement.
Inspiré d’un fait divers aussi tragique qu’absurde*, ce premier roman raconte une histoire de frustrations et d’échecs, d’ennui, de matérialisme, de perte de contrôle, de violence et de paranoïa, d’instincts primitifs, de la peur de perdre ce qu’on possède et de ce qu’on est capable de faire pour que cela n’arrive pas.
*survenu en Belgique en juin 1999 (« l’affaire Riga »)
#Lisezvouslebelge
Présentation par l’éditeur:
C’est l’histoire d’un jour de solstice d’été au milieu de nulle part.
C’est l’histoire de deux jeunes types qui zonent sur le parking d’un supermarché dans une vieille Clio, à se chambrer et à enchaîner les bières et les joints.
C’est l’histoire d’un médecin, dont la vie rangée et la famille modèle, construites dans une obsession de réussite, volent en éclats, un homme éméché qui ressasse, impuissant, ses échecs et s’enferme peu à peu dans un monologue paranoïaque et délirant.
C’est l’histoire d’une soirée qui n’en finit pas, d’un snack sur le bord de la route, d’un trip dans la nature et d’une petite cabane au bord de l’eau.
C’est l’histoire d’un médecin à la dérive, de deux jeunes qui traînent, de la haine et de l’ennui, de ce qu’on ne regrette que parce que cela nous échappe, du besoin de possession et du constat amer que rien ne se contrôle, de l’ivresse et de la violence.