Auteur: George Orwell
Editeur: Ivrea – 2004 (377 pages)
Lu en décembre 2012
Mon avis: Ramené en souvenir d’un voyage en Birmanie, ce récit m’a fait plonger en pleine époque coloniale, vers 1920. Sans doute largement inspiré par sa propre expérience de fonctionnaire de Sa Majesté sur place (aux « Indes », comme on disait), Orwell nous raconte le quotidien de la petite communauté britannique (une dizaine de personnes) de Kyautkada, bourgade provinciale en bordure de jungle.
Quasiment oubliés (et oublieux) de la Mère Patrie, ces exilés volontaires ont pour point de ralliement le « Club », où ils se réunissent quotidiennement, accablés de chaleur, d’ennui et d’alcool. Le gin mis à part, leur autre passe-temps favori est de critiquer les Birmans, accusés de tous les maux, et qualifiés, entre autres, de sales fainéants bons à rien qui, ingrats, ne pensent qu’à se soulever contre leurs bienfaiteurs civilisés. En vertu de l’ « incontestable » suprématie de la race blanche, les colonisés sont « naturellement » rabaissés au rang d’esclaves ou de bêtes de somme.
Imaginez alors la tête de ces Rosbifs quand leur parvient une lointaine circulaire leur enjoignant d’intégrer un « indigène » au sein du Club. Certains manquent s’étouffer de rage, voyant là le début de la décadence du glorieux Empire des Indes.
D’autres péripéties s’enchevêtrent à ce psychodrame de l’élection d’un « nègre » au Club : l’arrivée d’Elizabeth, jeune nièce écervelée (elle a des excuses) des Lackersteen, qui va chambouler le coeur de Flory (il a des excuses aussi), célibataire endurci par la force des choses (càd par l’absence de femmes occidentales dans ces contrées) ; les manoeuvres et complots en tous genres fomentés par le détestable U Po Kyin pour s’attirer les faveurs des Blancs, et/ou des pots-de-vin, et/ou des avancements (tous les coups seront permis).
Premier roman de George Orwell, ce qu’il décrit n’est sans doute pas très éloigné de la réalité de l’époque, et c’est consternant. Entre le désoeuvrement des colons et l’incurie de certains fonctionnaires locaux, les Indes britanniques semblent plus proches de la décadence que de la gloire. le racisme à l’encontre des Birmans (et des races autres que blanche) est effrayant. Ils ne sont tolérés que parce qu’ils sont utiles.
Orwell n’est pas tendre avec ses compatriotes, et on peut supposer que le jeune Flory est son double romanesque, considéré comme « bolchevik » en raison de ses idées égalitaristes.
Certains personnages sont croqués férocement (et pas seulement dans le clan anglais), mais le ton n’est pas dépourvu d’un certain humour british.
Récit bien écrit, dans un style classique et linéaire, ce livre est agréable à lire. Mais je déconseille l’édition Ivrea, de qualité médiocre (mauvais papier et encre, marges intérieures parfois très limitées).
Présentation par l’éditeur (Penguin Classics):
George Orwell’s first novel, inspired by his experiences in the Indian Imperial Police in Burma, Burmese Days includes a new introduction by Emma Larkin in Penguin Modern Classics. Based on his experiences as a policeman in Burma, George Orwell’s first novel presents a devastating picture of British colonial rule. It describes corruption and imperial bigotry in a society where, ‘after all, natives were natives – interesting, no doubt, but finally … an inferior people’. When Flory, a white timber merchant, befriends Indian Dr Veraswami, he defies this orthodoxy. The doctor is in danger: U Po Kyin, a corrupt magistrate, is plotting his downfall. The only thing that can save him is membership of the all-white Club, and Flory can help. Flory’s life is changed further by the arrival of beautiful Elizabeth Lackersteen from Paris, who offers an escape from loneliness and the ‘lie’ of colonial life. Eric Arthur Blair (1903-1950), better known by his pen-name, George Orwell, was born in India, where his father worked for the Civil Service. An author and journalist, Orwell was one of the most prominent and influential figures in twentieth-century literature. His unique political allegory Animal Farm was published in 1945, and it was this novel, together with the dystopia of Nineteen Eighty-Four (1949), which brought him world-wide fame.