mercredi , 20 novembre 2024

A la source, la nuit

Auteur: Seyhmus Dagtekin

Editeur: Le Castor Astral – 2018 (240 pages)

Lu en novembre 2023

Mon avis: « A la source, la nuit » est un long poème en prose, la chronique d’une enfance dans un village kurde perdu dans les montagnes de Turquie. A travers récits mythiques et traditions, il est question de transmission, d’apprentissage, d’apprivoisement du monde des adultes par les enfants. Plus l’enfant est petit, plus le village lui apparaît immense, source d’émerveillements mais aussi de dangers et de mystères, que l’enfant peut éviter et comprendre s’il écoute les mises en garde des Anciens.
Et ainsi l’enfant grandit, repoussant progressivement et prudemment les frontières des peurs et de l’inconnu, découvrant un monde fait de beautés et d’âpreté.

Chronique d’un monde révolu (celui où l’électricité n’était pas encore arrivée dans ces montagnes), ce texte est écrit à hauteur d’enfant, dans une langue très travaillée. Je pensais tomber sous le charme, mais ce fut une lecture laborieuse, je ne sais pas pourquoi. Dommage.

Présentation par l’éditeur:

Un petit Kurde raconte son enfance dans un village perdu au milieu des montagnes. Village qui semble s’étrécir à mesure que le narrateur grandit et que sa conscience mûrit, tandis que les mystères et les dangers qui l’entourent (loups, djinns et autres dragons) sont transfigurés en une fantasmagorie éminemment poétique.

Seyhmus Dagtekin signe un roman où tout le système du monde de son enfance, de ce village perdu dans les montagnes, est reconstitué grâce à une langue qui permet, au-delà de la symbolique fabuleuse et des mythologies relayées par les anciens, d’atteindre à l’universel.

Ici les niveaux de symboles s’interpénètrent et se conjuguent pour chanter la construction d’une identité, les transactions entre la tradition (orale) et la modernité (l’écrit). Un texte inoubliable.

Quelques citations:

– Mon oncle était beau, brillant, de quatre à cinq ans plus âgé que le mari. L’un était déjà homme, l’autre se débattait dans l’adolescence même si elle durait très peu sur ces terres. Il y avait un raccourci entre la vie d’enfant et la vie d’adulte qui laissait peu de place aux atermoiements de l’adolescence. Dès qu’on pouvait tenir un manche, on travaillait. Dès que l’éveil de la nature était soupçonné en nous, on était marié et déjà flanqué de paternité ou de maternité avant d’avoir eu le temps de sortir de l’enfance.

– Petit ou grand, chacun pouvait devenir le fléau de l’autre, nous disait-on. L’apparence n’offrait pas toujours une bonne mesure du danger. Il en allait de même pour les sauterelles. Elles pouvaient surgir d’on ne sait où et en un battement de paupières, raser champs et moissons, verdures et forêts puis retourner au néant d’où elles étaient sorties.

Evaluation :

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