Auteur: Paula Porroni
Editeur: Editions Noir sur Blanc – 10 janvier 2019 (144 pages)
Lu en décembre 2018
Mon avis: Dans la vie, il y a des gens qui réussissent sans avoir fait de grandes études, et il y en a d’autres qui sont bardés de diplômes et qui n’arrivent pas à décoller. La narratrice de « Bonne élève » appartient à cette deuxième catégorie. Originaire de Buenos Aires, elle a eu l’opportunité d’étudier l’histoire de l’art dans une prestigieuse université en Angleterre et d’y décrocher un diplôme valorisant et valorisé. De retour dans une Argentine frappée par la crise économique, elle végète quelques années aux crochets de sa mère, son beau diplôme n’y valant pas tripette. En désespoir de cause, elle décide alors de repartir en Angleterre pour tenter d’y trouver un travail à la hauteur de ses qualifications. Mais évidemment, elle n’est pas la seule sur le marché à chercher le job idéal, n’a aucune expérience professionnelle, et est plus âgée que la plupart de ses concurrents. Elle doit finalement se rabattre sur une bourse de doctorat dans une université de troisième zone. En attendant la décision qui lui octroiera ou non ce poste, elle vivote dans des chambres de location plus sinistres les unes que les autres, contrôlée à distance par sa mère, qui épluche les relevés de sa carte de crédit. Sous pression, parce qu’elle ne veut surtout pas rentrer en Argentine la queue entre les jambes, elle adopte un comportement social inconséquent et autodestructeur, et ses agissements sexuels malsains m’ont souvent dégoûtée.
« Bonne élève » dresse le portrait à vif d’une anti-héroïne (d’une génération?) qui, en bon petit soldat, a fait ce qu’on (la famille, les amis, la société) attendait d’elle (bien étudier pour obtenir un bon diplôme et ensuite un bon travail), mais qui découvre, à son grand dam, que ces promesses, qui étaient autrefois des garanties, sont aujourd’hui rendues aléatoires par les crises et l’évolution sociale. Incapable de s’adapter, de rebondir ou d’affronter les attentes toujours plus pressantes de la famille, des amis, de la société, elle se retrouve là isolée, désarmée, égarée, s’entraînant à la course à pied comme s’il s’agissait de rattraper son avenir fuyant comme une fusée. Parce que ses brillantes études lui ont appris à étudier, à maîtriser la théorie, mais pas à devenir adulte ni à vivre sans mode d’emploi. Un roman court, cru et cruel, pessimiste, dans lequel je me suis en (petite) partie retrouvée, sur le sentiment d’échec, le passage à l’âge adulte, l’argent, l’indépendance, et le manque d’estime de soi. C’est du moins ce que j’ai cru comprendre de ce livre, dont le message flou me laisse, au final, perplexe et avec un vague sentiment de malaise.
En partenariat avec les éditions Noir sur Blanc via NetGalley.
Présentation par l’éditeur:
Bonne élève est le portrait d’une jeune femme de Buenos Aires qui a fait de brillantes études en histoire de l’art dans une université du nord de l’Angleterre. De retour en Argentine, elle ne trouve pas de travail, et repart en Angleterre quelques années plus tard. Sa mère lui a donné un an pour se bâtir une nouvelle vie, l’entretenant grâce à l’héritage du père. Mais le pays est en crise lui aussi. Déclassée, elle loue des chambres de plus en plus minables, travaille dans une bibliothèque universitaire en attendant un mieux qui ne vient pas, rattrapée par la précarité. On ne peut lâcher ce premier roman optimiste et désespéré de Paula Porroni qui a créé une antihéroïne, naufragée volontaire qui ne cherche pas à se faire aimer, comme à des années-lumière de sa propre vie.
Difficile parfois de se confronter à la réalité quand on a bâti sa vie jusqu’alors sur des idéaux !
Oui, cela demande une capacité d’adaptation qui n’est pas donnée à tout le monde de la même manière.