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Bruges-la-morte

Auteur: Georges Rodenbach

Editeur: Flammarion – 1998

Lu en novembre 2017

Mon avis: Bruges-la-morte, c’est là qu’Hugues Viane s’est échoué après la mort de sa femme adorée. La Morte, dont on ne connaîtra jamais le prénom, a laissé son mari inconsolable, gardien d’un mausolée conservant souvenirs, robes, photographies et, ultime relique, la si blonde tresse de la défunte, protégée par un cercueil de verre. Hugues a choisi Bruges la sépulcrale comme on choisit un tombeau, pour y attendre que la mort l’unisse à nouveau à sa chère et tendre. Proche de sombrer lui-même corps et âme mais imprégné de foi catholique, il résiste à la tentation du suicide qui l’emmènerait aux Enfers, bien loin du paradis où repose sans nul doute sa bien-aimée. Egaré depuis cinq ans dans sa souffrance comme un promeneur dans un dédale de ruelles brumeuses et sombres, il erre, sans but et solitaire, dans la ville suintante d’humidité, hanté par la pléthore de clochers qui carillonnent un glas incessant. Un soir, alors qu’irrémédiablement l’image de la Morte s’efface de sa mémoire, un miracle : il la croise dans la rue. Ou plutôt, il croise une inconnue, copie conforme de l’épouse vénérée. Rattrapant la jeune femme pour rattraper le temps et les souvenirs qui fuient, Hugues s’enlise dans la désillusion d’une illusion, jusqu’à briser le miroir. Comparaison n’est pas raison…

Baigné par les canaux autant que marqué par le poids de la religion et des convenances sociales du 19ème siècle, ce court roman, fleuron du symbolisme, a la ville de Bruges pour personnage principal. Un personnage gris, sévère, funèbre, « où tous les jours ont l’air de Toussaint », qui reflète exactement l’état d’esprit de veuf éperdu. Bien que prévisible, voici un roman à la lisière du fantastique, mélancolique et crépusculaire donc, mais écrit avec une poésie et une psychologie aussi fines qu’une dentelle… de Bruges. Etrange comme cette morbidité est fascinante…

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Présentation par l’éditeur:

Hugues Viane ne se console pas de la disparition de sa femme. Il s’est réfugié à Bruges dont l’eau stagnante des canaux convient à son deuil. Il erre dans le labyrinthe des rues, croise une inconnue dont la silhouette, la démarche, le visage le frappent de stupeur : « Ah ! Comme elle ressemblait à la morte ! » Bruges-La-Morte associe les thèses du fantastique aux intuitions du symbolisme. Il donne aussi l’exemple, avant Nadja d’André Breton, du premier ouvrage d’auteur illustré de photographies. Cette réédition d’un des chefs-d’œuvre de la littérature  » fin de siècle  » est accompagnée des trente-cinq illustrations de l’édition originale et de nombreuses variantes. Un dossier documentaire éclaire l’accueil que le roman a reçu en France et en Belgique. Il témoigne des réserves qu’a suscitées l’introduction de la photographie dans une œuvre littéraire.

Evaluation :

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