samedi , 2 novembre 2024

Cent millions d’années et un jour

Auteur: Jean-Baptiste Andrea

Editeur: L’Iconoclaste – 2019 (308 pages)/Folio – 2021 (320 pages)

Lu en février 2023

Mon avis: Paris, début des années 1950. Stan, la cinquantaine, paléontologue désabusé par le train-train étriqué de sa vie académique, déambule un beau jour dans les rues, quand il arrive à la hauteur d’un immeuble que des déménageurs sont en train de vider. Le concierge vient de mourir, des caisses sont alignées sur le trottoir en attendant d’être amenées à la décharge. Machinalement, Stan farfouille dedans, et y trouve un petit os fossilisé. Son esprit s’enflamme aussitôt : ne serait-ce pas un os de dinosaure ? L’excitation monte encore d’un cran lorsqu’une fillette de l’immeuble lui explique que le vieux concierge racontait avoir trouvé, quand il était petit, un squelette de « dragon » dans une grotte en montagne, d’où il avait ramené ce morceau d’os.

Découvrir un squelette intact de dinosaure, voilà qui assurerait à Stan la gloire qui s’est toujours refusée à lui. Après de laborieux recoupements et recherches, il pense avoir localisé la grotte en haute montagne, quelque part entre France et Italie. Il met dans la confidence Umberto et Peter, deux collègues de confiance, et les convainc de monter une expédition secrète, à la recherche du trésor.

Juillet 1954, les trois comparses entament l’ascension avec Gio, guide chevronné, et établissent un camp de base au pied d’un glacier. A cette altitude, ils savent qu’ils n’ont que le temps de l’été pour sonder les parois de la montagne, et que dès les premières neiges, il faudra redescendre. Le compte à rebours est lancé, les jours s’écoulent avec régularité, vains, jusqu’au jour où…découverte…

Alors le temps tout à coup se contracte, accélère, un contre-la-montre contre l’arrivée de l’automne, le froid, jusqu’à ce que…la neige…

Et puis le temps ralentit, se densifie dans la solitude et la blancheur infinis, et une heure s’étire en cent millions d’années…

Ce roman est un huis clos en altitude, dans la neige, le froid, la solitude, un récit glacé et glaçant. C’est l’histoire du rêve d’une vie, d’une passion, d’une obsession, poussés jusqu’à la folie. Sur fond de blessures d’enfance mal cicatrisées, une quête d’absolu, absurde, insensée et qui pourtant nous renvoie à la question si terre à terre : que faisons-nous de nos rêves ? Jusqu’où sommes-nous capables d’aller pour les réaliser et vivre cette vie rêvée ?

Portée par une plume originale et très imagée, cette histoire au départ improbable devient au fil des pages un conte étrange, sensible, tragique, lyrique, oppressant, marquant.

Présentation par l’éditeur:

1954. C’est dans un village perdu entre la France et l’Italie que Stan, paléontologue en fin de carrière, convoque Umberto et Peter, deux autres scientifiques. Car Stan a un projet. Ou plutôt un rêve. De ceux, obsédants, qu’on ne peut ignorer. Il prend la forme, improbable, d’un squelette. Apatosaure ? Brontosaure ? Il ne sait pas vraiment. Mais le monstre dort forcément quelque part là-haut, dans la glace. S’il le découvre, ce sera enfin la gloire, il en est convaincu. Alors l’ascension commence.
Mais le froid, l’altitude, la solitude, se resserrent comme un étau. Et entraînent l’équipée là où nul n’aurait pensé aller.

De sa plume cinématographique et poétique, Jean-Baptiste Andrea signe un roman à couper le souffle, porté par ces folies qui nous hantent.

Evaluation :

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