vendredi , 19 avril 2024

Intimités

Autrice: Katie Kitamura

Editeur: Stock – 1er février 2023 (250 pages)

Lu en février 2023

Mon avis: La narratrice est une jeune interprète à la Cour pénale internationale de La Haye. En poste depuis seulement quelques mois, elle est encore perdue, cherchant sa place dans cette ville lisse et dans la vie. Elle n’a pas vraiment de racines auxquelles se raccrocher : pendant son enfance et son adolescence, elle a parcouru le monde à la suite de ses parents. Jusqu’au décès récent de son père, elle vivait sans attaches à New York ; quant à sa mère, elle a déménagé à Singapour. A La Haye, la narratrice (dont on ne connaîtra jamais le prénom) est une expatriée sans patrie.

Elle trouve un semblant de stabilité dans son travail d’interprète, qui exige rigueur et concentration. Son rôle est important, indispensable, mais en retrait et effacé, puisqu’elle ne sert que d’intermédiaire neutre.

Puis, au fil des mois, elle perd un peu de son sentiment d’invisibilité lorsqu’elle se fait une amie, puis quand elle rencontre un homme avec qui elle entame une relation.

Mais à peine son quotidien a-t-il pris un peu de consistance que cet équilibre se révèle précaire : La Haye n’est pas une ville aussi paisible qu’elle en a l’air, l’amie de la narratrice est témoin d’une violente agression dans sa rue, son amant n’arrive pas à divorcer, elle est désignée pour interpréter les déclarations d’un ancien chef d’Etat accusé de crimes de guerre. Comment cette narratrice tranquille, transparente, indécise, peu faite pour la passion, va-t-elle traverser ces secousses qui pourraient remettre en question sa vie, son métier ?

« Intimités » est un roman tout en intériorité, dans lequel on est la plupart du temps dans la tête de la narratrice, à disséquer avec elle les événements qui la dépassent et ses ressentis. Au fil des pages, l’ambiance se crispe jusqu’à devenir menaçante, mais il n’y a jamais d’explosion fracassante. Il faudrait plutôt parler d’implosions minuscules et d’éclats de silence, à mesure que les certitudes et la confiance en elle de la narratrice vacillent.

Un roman qui interroge sur le pouvoir des mots, et la place qu’on prend ou pas, et que j’ai trouvé plutôt fade et inintéressant, à l’image de sa narratrice.

En partenariat avec les Editions Stock via Netgalley.

#Intimités #NetGalleyFrance

Présentation par l’éditeur:

À la mort de son père, fuyant New York, la narratrice s’installe à La Haye pour devenir interprète à la Cour internationale. Femme anonyme, trilingue, perdue dans cette ville où rien ne dépasse, elle est la recherche d’un chez-soi, d’une stabilité, qu’elle trouve notamment dans son travail qui demande extrême rigueur, neutralité et concentration. Elle semble se contenter de ce quotidien sans éclats. Mais, comme de légers soubresauts, quelques vibrations viennent perturber cette routine. Adriaan, son amant néerlandais, fraîchement séparé de sa femme, ne peut se résoudre à divorcer. Son amie Jana est témoin d’une agression en bas de chez elle qui l’obsède et la narratrice se retrouve au beau milieu d’une crise politique, alors qu’elle doit interpréter pour un ancien président, accusé de crimes de guerre.
Femme silencieuse, à la passion tranquille, qui se laisse porter par le courant, la voici maintenant plongée dans une tempête où se mêlent trahison, amour, chagrin et violence, la forçant à décider de sa propre vie.

Écrit tout en nuances, Intimités est un roman magnifique sur le pouvoir des mots et le sentiment d’appartenance. Katie Kitamura dissèque ces légères mais insistantes perturbations créées par l’Autre, comme une caresse répétée qui, peu à peu, devient une gêne sur notre peau.

Evaluation :

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