Auteur: Nathaniel Hawthorne
Editeur: Gallimard – 1954 (288 pages)/Le Livre de Poche – 2015 (360 pages)
Lu en novembre 2024
Mon avis: A Boston, Hester accouche d’une petite fille, qui est manifestement le fruit d’une relation hors mariage, puisque le mari d’Hester est porté disparu depuis bien avant la conception de l’enfant.
De nos jours, il n’y aurait pas là de quoi crier au scandale (encore que… peut-être pas partout). Sauf que nous sommes à Boston, en cet an de grâce 1642. A l’époque, la colonie britannique ultra puritaine (pour ne pas dire intégriste) ne peut tolérer pareil écart de comportement. Hester est donc condamnée pour adultère, emprisonnée puis exposée au pilori sur la place de la ville avec son bébé dans les bras. Libérée après quelques mois, elle n’en est pas moins condamnée à perpétuité à porter un grand « A », écarlate et infâmant, brodé sur ses vêtements à hauteur de poitrine. Par ailleurs, les autorités ont songé à lui enlever son enfant, mais ont fini par conclure qu’il serait plus « pédagogique » et salutaire pour Hester de garder sous les yeux la conséquence de son crime de chair. A cette pénitence sans fin s’ajoute encore le poids du silence dans lequel Hester a décidé d’enfermer le nom de son amant, au grand dam des autorités locales, et de son mari. Celui-ci, qui a refait surface sous un nom d’emprunt et n’est reconnu que par Hester, lui promet une vengeance à la hauteur de l’outrage qu’il subit.
Publié en 1850 et considéré comme le premier roman américain, « La lettre écarlate » tire à boulets rouges (écarlates) sur le puritanisme et l’hypocrisie de la société rigide et austère de l’époque.
Ce texte se lit facilement, malgré un style désuet, une intrigue prévisible (on comprend très vite qui est l’amant), et des personnages stéréotypés : le mari offensé et machiavélique, l’amant torturé qui n’assume pas ses actes, la femme adultère qui, elle, assume jusqu’au bout, digne, loyale, charitable (la seule vraie chrétienne de l’histoire), la fillette étrange, à la fois innocente et malsaine.
Même si la forme, trop romantique et démonstrative, a mal vieilli, on ne peut malheureusement pas en dire autant du fond de l’histoire, qui trouve encore des échos aujourd’hui, dans les sociétés très religieuses et/ou patriarcales, là où les hommes ne sont pas prêts à renoncer à leur pouvoir sur les femmes.
Présentation par l’éditeur:
Boston, 1642. Hester, dont le mari est porté disparu, est mise au pilori car elle a commis l’adultère. Condamnée par la colonie puritaine à porter jusqu’à la fin de sa vie sur la poitrine un A écarlate, elle part vivre à la périphérie de la ville, seule avec sa fille, car elle a refusé de livrer le nom de son amant… Considéré comme le premier grand roman du continent américain, cet ouvrage connut à sa publication en 1850 un immense succès, mais par sa peinture d’une société intégriste et d’une femme éprise de liberté, il n’a rien perdu aujourd’hui de sa force et de son attrait.
« Un roman admirable, extraordinaire […] il possède le charme et le mystère des grandes œuvres d’art » (Henry James).