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La menteuse et la ville

Auteur: Ayelet Gundar-Goshen

Editeur: Les Presses de la Cité – 22 août 2019 (312 pages)

Lu en septembre 2019

Mon avis: Nymphea a dix-sept, mais n’a pas la grâce des jeunes filles en fleur. Un peu enrobée, empotée, complexée, mise à l’écart, elle se morfond dans son cocon d’invisibilité et dans son job d’été de vendeuse de glaces. Elle qui comptait sur ce travail pour rencontrer des gens et peut-être l’aventure qui mettrait le feu à sa vie tristounette, elle va être servie puisqu’elle se trouve à l’origine d’une tempête plus violente que tout ce qu’elle aurait pu imaginer. Un jour, Avishaï Milner, ex-chanteur populaire à succès, est pris d’une envie soudaine de glace. Nymphea, à l’arrière de la boutique, ne l’a pas entendu entrer et tarde un peu trop à servir ce client arrogant et impatient, qui s’énerve et insulte la jeune fille. Déstabilisée, celle-ci s’enfuit dans l’arrière-cour. Il la poursuit, l’insulte encore, et elle, elle se met à hurler. Les voisins, la police arrivent, et au vu du contexte, tous concluent à une tentative de viol, que Nymphea, tétanisée, ne dément pas. Au commissariat, elle persiste et signe, et les médias s’emballent, trop heureux de titrer sur cette jeune fille courageuse érigée en icône de la cause des violences faites aux femmes, agressée par une ancienne vedette désormais déchue. Une spirale de mensonges qui rend soudain Nymphea visible et populaire, elle la gamine insignifiante que personne n’avait jamais remarquée. Mais bientôt la culpabilité la ronge et la place devant un dilemme qu’elle a bien du mal à résoudre : laisser condamner un innocent, ou avouer son mensonge et être démolie par tout un pays à cause de sa mythomanie. On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans…
Comme dans « Réveiller les lions », précédent roman de l’auteure, le personnage principal s’embourbe dans son mensonge. Le ton est ici plus léger, mais tout de même incisif. Dans cette histoire, Nymphea n’est d’ailleurs pas la seule à mentir, ou à composer avec la vérité, et tout le monde, aux prises avec ses propres contingences, cherche à sauver son petit honneur, au détriment de la justice et du courage. Et puisque quelques personnages savent que Nymphea a menti, l’histoire comporte un certain suspense, et l’auteure nous balade, avec un humour grinçant, d’un rebondissement à l’autre, pendant qu’on se demande si la catastrophe est évitable. Le dénouement, assez plat, m’a d’ailleurs laissée sur ma faim, et je n’ai pas vraiment compris ce qu’apportait l’histoire de Raymonde, à part un mensonge supplémentaire et un fil narratif superflu. Quant aux petits cochons roses sur la plage, c’est resté carrément obscur. Quelques longueurs, donc, mais une intrigue et des personnages bien ficelés.

En partenariat avec les Editions Presses de la Cité via Netgalley.

#LaMenteuseEtLaVille #NetGalleyFrance

Présentation par l’éditeur:

Nymphea porte un nom de fleur mais son quotidien est loin d’être rose. À dix-sept ans, elle traîne ses complexes et souffre d’une vie insignifiante, où rien ne lui arrive jamais. En vendant des glaces pendant l’été, elle espère enfin sentir souffler le vent de l’aventure. Mais rien ne se passe… Jusqu’au jour où Avishaï Milner, chanteur populaire sur le retour, franchit le seuil de son échoppe. Pressé et méprisant, le play-boy déchu agresse verbalement Nymphea, puis la poursuit dans l’arrière-cour où elle s’est enfuie. Lorsqu’il la saisit par le bras, elle hurle et, l’instant d’après, toute la ville est là. En quelques secondes, la jeune fille récrit l’histoire, et Avishaï se retrouve en garde à vue pour tentative de viol sur mineure. Quant à la pseudo-victime, elle est propulsée au rang d’icône, Cendrillon en croisade contre les violences masculines.

Pendant ce temps, une autre femme est elle aussi entraînée dans un mensonge dont elle ne mesure pas encore les retombées : Raymonde, vieille juive issue de l’immigration marocaine en Israël, prend l’identité de Rivka, sa meilleure amie, rescapée des camps…

Fidèle au thème qu’elle ne cesse de sonder de livre en livre – le mensonge et la façon dont il referme ses griffes sur des individus même dépourvus de mauvaises intentions –, Ayelet Gundar-Goshen signe ici une fable urbaine subversive, caustique et tendre à la fois, aux mille et un retournements de situation. Le témoignage d’une littérature israélienne vivace, libre et engagée.

Une citation:

– En tant que fille aînée d’une prof de lettres, Nymphea savait pourtant bien à quel point les gens détestent qu’on corrige les mots qui sortent de leur bouche. Personne n’irait ouvrir celle d’un ami occupé à manger pour en extraire l’aliment et lui montrer la manière correcte de mâcher. Eh bien, les mots, comme les aliments, appartiennent à la langue sur laquelle ils reposent.

Evaluation :

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