mercredi , 30 octobre 2024

La vraie vie

Auteur: Adeline Dieudonné

Editeur: L’Iconoclaste – 2018 (265 pages)

Prix Rossel 2018 – Prix Renaudot des lycéens 2018 – Prix du roman Fnac 2018

Lu en mars 2020

Mon avis: Jusqu’à l’accident, la narratrice, une fillette de dix ans, vivait la « vraie vie » avec sa famille, dans un lotissement en bordure de la ville. Malgré un père brutal et tyrannique et une mère effacée, elle avait le rire de Gilles, son petit frère de six ans.

Mais il y a eu l’accident, et Gilles ne rit plus. Sa grande sœur, qui le voit s’enfoncer dans le mutisme et la noirceur, rêve de remonter le temps, d’effacer l’accident et de reprendre le cours de la vie d’avant, une vraie vie telle qu’on peut la rêver à dix ans. Et puisqu’il faut retourner en arrière, il suffit d’inventer une machine à remonter le temps. Avec une détermination féroce, entre magie et physique quantique, la petite mène son combat envers et contre tout, persuadée que tout peut encore rentrer dans l’ordre.

Malgré un grand nombre d’avis (très) positifs, je dois reconnaître que je n’ai pas été totalement convaincue par ce roman. D’abord, je me suis ennuyée pendant une bonne première moitié du livre, un peu répétitive, où il ne se passe pas grand-chose et où la tension met un temps fou à s’installer. Ce n’est qu’à partir de l’épisode du jeu de nuit que j’ai été enfin embarquée dans l’histoire. En plus de ce manque initial de rythme, je me demande encore si tout cela est bien vraisemblable. Une fillette surdouée en physique et très mature, qui croit naïvement qu’on peut réellement remonter le temps ? Pourquoi sa relation avec le couple de gentils voisins est-elle si ambiguë, voire déloyale, alors qu’ils représentent tout ce dont elle manque, tendresse, affection, bienveillance ? Et Gilles sera-t-il vraiment débarrassé de son démon intérieur par la grâce de la scène finale ? Je doute qu’on « blanchisse » aussi simplement un cerveau à ce point enténébré… Et puisqu’on parle de cerveau, je trouve dommage que la psychologie des différents personnages ne soit pas plus développée, il y avait pourtant matière dans cette famille dysfonctionnelle.

Malgré cela, ce conte initiatique sur l’apprentissage cruel de la vie est plutôt séduisant. L’écriture est fluide, on s’y laisse prendre, on tourne les pages en se demandant ce qu’il va se passer, si les enfants vont en sortir (ou pas) grandis (ou pas). C’est glauque et cruel, sensuel aussi, mais l’amour profond et la loyauté de la grande sœur envers son petit frère sont touchants. Un premier roman intéressant, je tiendrai le(s) suivant(s) à l’œil.

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Présentation par l’éditeur:

C’est un pavillon qui ressemble à tous ceux du lotissement. Ou presque. Chez eux, il y a quatre chambres. La sienne, celle de son petit frère Gilles, celle des parents, et celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. La mère est transparente, amibe craintive, soumise aux humeurs de son mari. Le samedi se passe à jouer dans les carcasses de voitures de la décharge. Jusqu’au jour où un violent accident vient faire bégayer le présent.
Dès lors, Gilles ne rit plus. Elle, avec ses dix ans, voudrait tout annuler, revenir en arrière. Effacer cette vie qui lui apparaît comme le brouillon de l’autre. La vraie. Alors, en guerrière des temps modernes, elle retrousse ses manches et plonge tête la première dans le cru de l’existence. Elle fait diversion, passe entre les coups et conserve l’espoir fou que tout s’arrange un jour.

D’une plume drôle et fulgurante, Adeline Dieudonné campe des personnages sauvages, entiers. Un univers acide et sensuel. Elle signe un roman coup de poing.

Evaluation :

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