dimanche , 15 septembre 2024

Le voleur d’art

Auteur: Michael Finkel

Editeur: Marchialy – 21 août 2024 (350 pages)

Lu en août 2024

Mon avis: Entre 1995 et 2001, Stéphane Breitwieser, originaire de Mulhouse, a commis la bagatelle de plus de 200 vols dans des musées à travers la France, la Suisse, l’Allemagne, la Belgique ou encore les Pays-Bas, pour un montant total estimé, selon certains experts, à deux milliards d’euros. Des cambriolages sans violence, pendant les heures d’ouverture des musées, la plupart du temps avec la complicité de sa compagne Anne-Catherine.

Un jeune couple BCBG, amateur d’art, à qui gardiens et galeristes auraient donné le bon dieu sans confession. Mais les jeunes gens se sont passés de leur permission et ont commis leurs forfaits, armés seulement d’un couteau suisse et d’un grand sac à main ou d’un manteau ample pour dissimuler les objets volés.

Doué d’un culot et d’un sang-froid inouïs, le couple a pu sévir en toute tranquillité pendant des années sans se faire repérer. Sans doute grâce à la défaillance des moyens de surveillance dans les musées, mais surtout parce que, à la différence d’autres voleurs d’art, ils n’ont jamais cherché à gagner de l’argent en revendant les œuvres sur le marché noir et ont évité ainsi de se faire repérer. Ils se sont contentés de les accumuler dans le grenier où ils vivaient dans la maison de la mère de Stéphane, juste pour le plaisir de la possession et de la contemplation. Stéphane Breitwieser se considérait aussi comme un « libérateur d’art », convaincu que les objets volés étaient conservés dans de meilleures conditions chez lui que dans les musées. Plutôt qu’un voleur compulsif, il se voyait comme un collectionneur compulsif, ne trouvant pas le plaisir dans le vol mais dans son résultat, la possession.

A force de réussite, Stéphane s’est cru invincible, persuadé que les flics sont tous des imbéciles qui n’arriveront jamais à l’arrêter. Mais son impunité lui monte à la tête et le rend imprudent : il finit par commettre des erreurs qui le font repérer. Et dure sera la chute…

C’est le portrait et l’histoire de ce « gentleman-cambrioleur » que livre Michael Finkel dans ce « documenquête ». L’auteur a rencontré Stéphane Breitwieser à plusieurs reprises, a interrogé, avec l’accord de celui-ci, quelques-uns des psys qui l’ont expertisé pendant ses procès, ainsi que des policiers et des membres de l’entourage (très restreint) de Breitwieser. L’auteur tente également de dresser le profil psychologique de celui-ci, de comprendre les ressorts de son comportement, ainsi que sa relation compliquée (« je t’aime moi non plus ») avec sa mère. Anne-Catherine ayant toujours refusé de parler aux journalistes, Finkel n’a donc pas sa version de l’histoire, et a dû se contenter des interrogatoires de police et des comptes-rendus de procès, ainsi que de rares témoignages.

Michael Finkel a, semble-t-il, exploité tous les éléments à sa disposition, émettant des hypothèses pour le reste, le tout en restant factuel et journalistique, sans chercher à romancer son histoire (et c’est très bien comme ça).

Il fait ressortir la personnalité et les motivations intrigantes de Stéphane Breitwieser et, dans une moindre mesure, celles d’Anne-Catherine, et s’y entend parfaitement pour transformer cette matière en un récit captivant.

En partenariat avec les Editions Marchialy via Netgalley.

#LeVoleurdart #NetGalleyFrance

Présentation par l’éditeur:

Un gentleman-cambrioleur agit avec habileté et classe, sans jamais recourir à la violence, guidé par un certain sens de l’honneur. Pendant huit ans, Stéphane Breitwieser, originaire de Mulhouse, a commis avec sa compagne près de 250 vols dans des musées français, suisses et belges, en plein jour, au nez et à la barbe des gardiens et des visiteurs. Leurs attributs : un grand manteau et un couteau suisse. Entre 1995 et 2001, la valeur totale de leurs larcins a été estimée à plusieurs millions d’euros. Alors comment les Bonnie et Clyde des musées ont-ils réussi ces vols en série sans se faire prendre pendant si longtemps ? Il leur aura fallu beaucoup de sangfroid, pas mal de créativité et une bonne dose de passion.

Une citation:

– Breitwieser était un adolescent renfermé et anxieux, associable, mal à l’aise et coincé. […] « Je me réfugiais dans le passé », dit-il.
Beaucoup plus mûr que les gens de son âge, il était consterné par les jeunes de sa génération. Leurs centres d’intérêt – les jeux vidéo, le sport, la fête – le répugnaient. En tant qu’adulte, il a aujourd’hui la même aversion pour les téléphones portables, les e-mails et les réseaux sociaux. Pourquoi faire en sorte d’être plus facilement dérangé par les autres?

Evaluation :

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