mercredi , 24 juillet 2024

Ma vie de geisha

Auteur: Mineko Iwasaki

Editeur: Le Livre de Poche – 2005 (349 pages)

Lu en 2013

ma vie de geishaMon avis: Titre on ne peut plus explicite, voici l’autobiographie de Mineko Iwasaki, l’une des plus célèbres (et l’une des dernières) grandes geishas. Elle nous parle de son métier, qui a occupé presque 25 ans de sa vie, de sa tendre enfance à sa démission à l’âge de 29 ans.
La jeune Mineko entre à l’école des geishas à 5 ans, suivra les formations traditionnelles en chant, danse, calligraphie et autres arts que doit maîtriser une parfaite geiko. Elle progressera rapidement, décidée à devenir la meilleure pour clouer le bec à ses rivales peu avares en coups tordus et humiliations. Elle réussira au-delà de toute espérance, puisqu’on parlera d’elle comme d’une légende, véritable « star » dont les talents seront admirés par les plus puissants et les plus riches de ce monde. Au faîte de sa gloire, elle démissionnera pourtant, épuisée par les exigences de ce métier.
Ce livre est un document très intéressant, qui permet de pénétrer au coeur du monde mystérieux (en tout cas pour moi) des geishas. Tordons d’emblée le cou à une croyance occidentale : une geisha n’est pas une prostituée. Elle est en réalité une artiste cultivée, aux multiples talents, à laquelle on fait appel (certes contre rétribution) pour divertir les convives d’un banquet ou d’une soirée.
Ces plaisirs sont réservés à une élite (aristocratique, politique, financière, artistique), étant donné le prix exorbitant à débourser pour s’assurer la compagnie d’une geisha même pour quelques minutes. Mais ce « salaire » semble justifié au regard des coûteux kimonos et autres accessoires, et surtout à celui des sacrifices consentis par ces jeunes femmes qui mènent une vie effrénée entre leurs cours et leurs prestations.
Mineko nous explique donc comment et pourquoi, à 5 ans, elle a décidé d’entrer à l’école des geishas, renonçant à sa propre famille. C’est un point peu crédible du livre, car comment une petite fille peut-elle décider de son destin en pleine connaissance de cause à cet âge ? Mais soit. Elle décrit ensuite avec un luxe de détails (parfois rébarbatifs) son éducation, son emploi du temps, ses coiffures et ses tenues, la hiérarchie et les usages au sein de l’école (je m’y suis parfois perdue). Cet aspect est certes fort instructif, mais je suis restée sur ma faim, sans doute que tout cela manque d’âme. Il est bien question de sentiments (jalousie, amour, angoisse, souffrance), mais ils sont décrits froidement, ce qui donne de l’héroïne une impression d’insensibilité, de rigidité et d’égocentrisme.
On comprend également que les apprenties geishas vivent dans un cocon fermé aux réalités de monde extérieur, ce qui donne lieu à un chapitre hilarant tant la situation est incroyable, lorsque la jeune femme décide de prendre un peu d’autonomie en louant un appartement et en s’occupant de son ménage pour la première fois de sa vie.
Enfin, j’ai été frappée par la banalisation de la richesse et du luxe, par les quantités d’argent brassées dans ce milieu. Mineko avoue elle-même avoir ignoré pendant longtemps la valeur de l’argent. De fait, elle a toujours été habituée à vivre sur un grand pied, et donne l’impression qu’après sa carrière, l’appât du gain a continué à être un de ses moteurs. Cela contraste fort avec la poésie du « monde des fleurs et des saules »…

Présentation par l’éditeur:

« On a dit de moi que j’étais la plus grande geisha de ma génération. Certes, j’ai recueilli les plus beaux succès. Mon destin a été jalonné d’extraordinaires défis et de merveilleuses gratifications. Et pourtant les astreintes de ce qui est plus qu’une profession – un véritable sacerdoce – m’ont finalement poussée à l’abandonner… Il est temps de lever les voiles du mystère qui plane autour de la vie des geishas. Je veux briser un silence vieux de trois cents ans. Je vous invite à me suivre dans le monde des fleurs et des saules, le monde de Gion-Kobu. »

Voici le témoignage exceptionnel de celle qui fut, à maints égards, la dernière incarnation d’un art de vivre séculaire. Jugée digne de devenir l’héritière de la « maison de geishas » la plus prisée de Kyoto, Mineko Iwasaki décide de quitter ses parents pour les sauver de la misère. On lui apprend la danse, la musique, la calligraphie, la discipline. Mais elle découvre peu à peu, derrière les kimonos de soie et les réceptions prestigieuses – où magnats de l’industrie, monstres sacrés du cinéma et têtes couronnées se disputent sa compagnie -, que la condition des geishas, peu instruites et soumises au bon vouloir de leurs clients, n’évolue pas dans le Japon post-féodal…

Evaluation :

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Un commentaire

  1. Lecture très intéressante et instructive…