Auteur: J.M. Erre
Editeur: Buchet-Chastel – 2014 (416 pages)
Lu en février 2014
Mon avis: Il était une fois Alice (non, pas celle du pays des merveilles) et Julius. Ils ne se connaissent pas, et pourtant ils sont tous deux internés à l’asile psychiatrique Saint-Charles (déjà là, on sent que ça va partir en vrille). Ils ne se connaissent pas, et même si c’était le cas, ils ne s’en souviendraient pas, puisqu’ils sont tous les deux amnésiques. Etrange coïncidence…
Le sort s’est acharné sur la pauvre Alice. Au moment même où on aurait pu dire d’elle « et elle se maria et eut beaucoup d’enfants », une explosion de gaz ravagea la noce et ses 262 invités. Seule Alice survécut. Quand je vous disais qu’on n’était pas au pays des merveilles… Un point positif au milieu de tout ce malheur, c’est qu’Alice ne se souvient de rien, et surtout, ne ressent plus rien, aucune émotion, ni joie, ni tristesse, ni peur. Et ça, c’est un sacré avantage pour postuler au titre d’héroïne dans l’aventure dans laquelle Julius va l’entraîner.
Parce qu’il faut que vous sachiez (mais surtout ne le répétez pas) que Tirésias, mystérieuse organisation secrète, manigance depuis la nuit des temps un Grand Complot visant à asservir l’Humanité à coup de subtiles manipulations médiatiques. Julius est évidemment le seul et unique Elu à avoir découvert le pot-aux-roses (et les épines qui vont avec), et il est donc le seul et unique Héros à même de démasquer ces malfaisants. Condition préalable : s’échapper de Saint-Charles, et tant qu’à faire, en emmenant Alice, dont Julius est tombé amoureux et qu’il espère conquérir grâce à sa bravoure (parce que, question aspect physique, faut bien avouer qu’il est plus proche du fétu de paille que de l’armoire normande).
La Quête de Julius ne sera pas de tout repos (mais c’est normal, c’est une Quête. Demandez donc à Ulysse, Lancelot, ou à votre percepteur des impôts). Aidé par Ours, son fidèle ami, et Alice, il devra en effet affronter de terribles et cruels opposants : des journalistes, des policiers, et d’inquiétants men in black à la solde de Tirésias. Un parcours explosif, au propre comme au figuré…
Parodique jusqu’à la moelle, ce roman pastiche les thrillers parano-ésotérico-épico-mythologico-policiers. Les rebondissements sont incessants, le rythme enlevé. J’ai ri dans les premiers chapitres, épatée par l’accumulation de gags, de situations déjantées, et par les dialogues et personnages frappadingues. Mais le problème de cette caricature est qu’elle est trop caricaturale. Et l’auteur utilise le même humour du début à la fin, si bien qu’au bout d’un moment, on se lasse, ça devient balourd et monotone.
Je ne sais pas très bien quel est l’objectif (s’il y en a un) : se moquer des adeptes farfelus des non moins farfelues théories du Grand Complot, ou nous avertir « qu’il ne faut pas croire tout ce qu’on nous raconte dans les médias ». Ou les deux à la fois ?
Tout cela manque de finesse et peine à captiver jusqu’au bout, mais maintenir un tel rythme au niveau du nombre de vannes par page constitue un réel morceau de bravoure.
Merci à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel pour cette découverte.
Présentation par l’éditeur:
Construit sous la forme d’une course poursuite, La Fin du monde a du retardmet en scène Alice et Julius, deux amnésiques qui s’évadent de la clinique psychiatrique où ils sont traités. En effet, Julius s’est donné pour mission de déjouer un terrible complot qui menace l’humanité. Poursuivis par la police, par des journalistes et par de mystérieux personnages de l’ombre, ils iront de péripéties en rebondissements jusqu’à l’incroyable révélation finale.
Comme dans chacun de ses romans, J.M. Erre joue avec les codes d’un univers de la culture populaire (le cinéma bis dans Série Z ou le roman policier dans Le Mystère Sherlock). Dans ce nouvel opus, ce sont les thrillers ésotériques à la Da Vinci Code qui servent de terrain de jeu.
En s’interrogeant de façon décalée sur la manière dont chacun construit ses certitudes, La Fin du monde a du retard se veut avant tout un récit joyeux sur ce qui fait à la fois le malheur et la grandeur de l’être humain : sa capacité à se raconter des histoires !
Une citation:
– « Le thème de la révolte est au coeur de nombreux mythes, mais la transgression des règles y est toujours sévèrement punie. Le message est clair: les mythes nous intiment l’ordre de ne jamais chercher à dépasser les limites de notre condition. Les histoires sont là pour nous maintenir dans la peur et la soumission. Les films américains, les informations télévisées, les médias en général ont repris le flambeau des mythes antiques et continuent à nous dire de façon subliminale par l’exposé d’une overdose de catastrophes: ne prenez pas de risques, restez sagement à votre place, car le monde est dangereux et l’homme est faible. L’heure est venue de ne plus avoir peur. Brisons nos chaînes, télévisées ou pas ».
Ah, je n’arrivais plus à accéder à ton site ces derniers temps !
Oui je crois qu’il y a eu un petit problème technique, mais c’est résolu. Ouf…
Et bien voilà , j’hésite à le mettre dans ma PAL. J’aime bien les romans déjantés, mais il faut qu’ils tiennent la route jusqu’au bout…
Au moins ce livre a le mérite d’être drôle. Peut être un peu trop caricatural pour moi. A bientôt