vendredi , 19 avril 2024

Lune captive dans un oeil mort

Auteur: Pascal Garnier

Editeur: Points – 2011 (152 pages)

Lu en 2013

lune captiveMon avis: Les Conviviales, résidence pour seniors hyper-sécurisée flambant neuve dans le sud de la France, accueille son premier couple de retraités. Martial et Odette (surtout Odette) se sont laissé convaincre par un agent immobilier aux dents longues et une brochure sur papier glacé rutilante.
Et tout semble parfait : les maisons, le mobilier, le jardin, le gardien, le club-house et sa panoplie d’activités épanouissantes.
Tu parles… Pendant de nombreuses semaines, Martial et Odette sont seuls, et l’attrait de la nouveauté laisse bien vite la place à un désoeuvrement aussi pesant que les nuages qui cachent le soleil vanté par le catalogue.
Enfin, l’arrivée d’un 2ème couple est annoncée, et c’est l’excitation. Maxime et Marlène débarquent, et les deux couples font connaissance et s’emploient à se lier d’amitié malgré les différences sociales. Puis c’est Léa qui vient, seule, s’installer dans ce petit paradis. Elle intrigue les 4 autres : célibataire, veuve,… ?
Maintenant qu’ils sont 5, ils vont pouvoir réclamer l’ouverture du club-house. On leur parachute Nadine, animatrice « cannabisée » et pas vraiment enchantée de son nouveau job. La galerie de personnages est complétée par le gardien, plus inquiétant qu’aimable, mais bon, on ne lui demande pas de vendre des aspirateurs…
On assiste alors à un huis clos dans un décor de rêve où, par petites touches, par petits riens, lentement mais sûrement, des tensions naissent, des comportements bizarres apparaissent… La pression monte jusqu’au dénouement, quasiment apocalyptique.
Une phrase pour illustrer l’ambiance: « Oui, c’était comme de vivre en vacances, à la différence près que les vacances avaient une fin alors qu’ici il n’y en avait pas. C’était un peu comme s’ils s’étaient payé l’éternité, ils n’avaient plus d’avenir. Preuve qu’on pouvait s’en passer ».
Livre court, facile à lire. L’humour est noir, le ton cynique, et la critique de nos peurs féroce (peur de vieillir, peur des étrangers,…). L’air de rien, l’auteur dépeint le glissement d’une apparence de normalité vers une folie pas si douce.
La brièveté du livre est aussi son défaut : je reste un peu sur ma faim, tant de choses auraient pu être approfondies, les personnages en auraient été moins caricaturaux.
Malgré tout, c’est une lecture agréable, parfaite pour les vacances.

Présentation par l’éditeur:

Les Conviviales, une résidence de luxe pour seniors, promet cadre paradisiaque, confort et sécurité. Le lieu parfait pour Martial et Odette qui rêvent de couler des jours paisibles et ensoleillés. Oui, mais… En réalité, aux Conviviales, il pleut toute la journée, on tue des chats à coups de pelle, les voisins sont sérieusement névrosés et les balles fusent… La retraite dorée tourne au cauchemar.

Une citation:

– « Oui, c’était comme de vivre en vacances, à la différence près que les vacances avaient une fin alors qu’ici il n’y en avait pas. C’était un peu comme s’ils s’étaient payé l’éternité, ils n’avaient plus d’avenir. Preuve qu’on pouvait s’en passer ». 

Evaluation :

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