Auteur: Paul Jorion
Editeur: Fayard – 15 mai 2019 (144 pages)
Lu en juin 2019
Mon avis: Paul Jorion est anthropologue et sociologue, a enseigné dans différentes universités en Europe et aux Etats-Unis, et a publié de nombreux essais (que je n’ai pas lus) sur l’économie, la finance et l’intelligence artificielle.
Le voici qui s’essaie au roman, ou plutôt à l’autofiction, puisqu’il entreprend de nous raconter ses vacances, en 2003, dans une bourgade de pêcheurs de la côte californienne, Morro Bay, donc. Des vacances imprévues, qu’il passe seul, dans un lieu choisi presque au hasard (le seul point marquant de l’endroit étant qu’une nageuse s’y est récemment fait déchiqueter par un requin). Alors il décide de donner un but à ces vacances en devenant un « héros de roman » et de transcender, par la grâce de la narration littéraire, un séjour qui s’annonce banal en un événement mémorable et digne de publication.
Bon alors, comment dire… Bof. J’ai trouvé le héros un peu pâlot (même pas un coup de soleil), et toute son histoire ne m’a pas réellement convaincue. Comme il ne se passe effectivement rien pendant ces 4-5 jours, l’auteur fait tout un plat de ses visites à la crêperie picarde et au bar locaux, et tout est prétexte à digression. Il passe donc plus de temps à nous raconter ses conversations de comptoir avec ses amis à San Francisco, à nous parler de sa dentiste dont il se figure qu’elle le désire, à évoquer les femmes de sa vie et ses enfants (ne me demandez pas combien de chaque, je n’ai pas réussi à suivre) et à parsemer le tout de références à la musique et au cinéma.
Soit c’est un portrait en creux de la vacuité de l’existence, soit c’est juste vide d’intérêt, soit je n’ai rien compris. En tout cas j’ai trouvé ce texte très décousu, le seul fil rouge étant que le narrateur s’interroge constamment sur sa capacité à séduire chaque femme qu’il rencontre. Il y a certes de l’humour et pas mal d’autodérision, mais je suis largement passée à côté.
En partenariat avec les Editions Fayard via Netgalley.
#LisezVousLeBelge
Présentation par l’éditeur:
Dans un passé pas si lointain, Paul Jorion vécut en Californie, et sa vie personnelle ne s’écoula pas telle un long fleuve tranquille. Un été, il décide de séjourner seul à Morro Bay, ancien port de pêche, où rien ne se passerait comme prévu… Ce moment de retrait souhaité, loin des femmes, loin des soucis, est l’occasion d’un récit et d’un autoportrait qui fait la part belle à l’autodérision.
On ne s’attendrait pas, spontanément, sous le soleil du littoral californien, à trouver une crêperie picarde où un spécialiste mondial de Baudelaire serait en charge de préparer la soupe à l’oignon. En Amérique, tout est possible, dit-on. Ou serait-ce que, en vacances plus ou moins forcées, l’esprit libre et l’œil ouvert, Paul Jorion se soit simplement rendu disponible aux rencontres les plus étonnantes, aux situations les plus inattendues ?
Car sans doute jamais le mot « vacances » ne retrouve-t-il un sens plus proche de son origine étymologique que quand on est contraint de les prendre sans les avoir planifiées, dans un pays de rêve, certes, mais sans projet. On s’invente des aventures, on magnifie des conversations sans lendemain, mais on mesure chaque jour un peu mieux le peu de place qu’on occupe dans le vaste monde.
A moins que, bien sûr, au hasard d’une séance chez une dentiste…
Faisant ici ses premiers pas de romancier, Paul Jorion n’en oublie pas pour autant ses qualités d’anthropologue et de sociologue, troussant en quelques phrases des portraits savoureux, observant tout ce dont les êtres humains sont capables pour se faire apprécier de leurs semblables, et s’incluant dans cette étrange danse de séduction avec une autodérision pleine de sagesse.
Auteur de nombreux ouvrages, Paul Jorion s’est notamment fait connaître par son regard résolument neuf sur l’économie et la finance, qui lui vaut l’attention d’un très large public.
#MesVacancesàmorroBay #NetGalleyFrance