mardi , 19 mars 2024

Première personne du singulier

Auteur: Haruki Murakami

Editeur: Belfond – 20 janvier 2022 (160 pages)

Lu en janvier 2022

Mon avis: Dans ce recueil de huit nouvelles, le narrateur, un homme âgé (l’auteur peut-être?*), se raconte à travers autant de souvenirs. Des souvenirs de rencontres qui remontent à l’adolescence ou à l’âge adulte, qui ont duré quelques secondes ou plusieurs mois : une jolie lycéenne, un vieil homme sur un banc, une femme laide mais très séduisante et charismatique, une inconnue dans un bar qui l’agresse verbalement, un singe doué de parole. Il y a aussi une nouvelle sur le base-ball, sport préféré du narrateur, et son équipe favorite dont les résultats sont peu brillants, et une autre sur un disque de bossa-nova qui aurait pu être l’œuvre de Charlie Parker. Autant d’histoires qui ont façonné le narrateur et qui le décrivent en creux, puisqu’il y est question du sens de l’existence, d’amour, d’apparences, de masques et d’identité, de goûts et de passions. Ces histoires nostalgiques seraient relativement banales si, pour la plupart d’entre elles, à un moment de leur déroulement, la mécanique de l’ordinaire ne s’enrayait, si un bug infime ne se produisait pour provoquer une distorsion de la réalité, certes minime mais qui suffit à faire glisser le récit dans l’étrange et le fantastique.

Je ne suis pas assez familière de l’œuvre de Murakami pour savoir si ce sont ses genres et thèmes de prédilection, ni pour comparer la qualité d’écriture de ces nouvelles avec celle de ses romans. Ici, j’ai apprécié le style fluide, sobre, poétique et élégant, mais la veine onirique m’a déroutée (en fait elle me déroute chez la plupart des auteurs – je dois être trop cartésienne). Une lecture agréable, donc, mais qui m’a peu touchée et qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.

*Rien n’est moins sûr, à la fin du livre, l’achevé d’imprimer indique que « Ce livre est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les événements sont le fruit de l’imagination de l’auteur ou utilisés fictivement. Toute ressemblance […] serait pure coïncidence ».

En partenariat avec les Editions Belfond via Netgalley.
#HarukiMurakami #NetGalleyFrance

Présentation par l’éditeur:

Après le succès de Des hommes sans femmes, Murakami renoue avec la forme courte. Composé de huit nouvelles inédites, écrites, comme son titre l’indique, à la première personne du singulier, un recueil troublant, empreint d’une profonde nostalgie, une sorte d’autobiographie déguisée dont nous ferait cadeau le maître des lettres japonaises.

Un homme se souvient
De la femme qui criait le nom d’un autre pendant l’amour
Du vieil homme qui lui avait révélé le secret de l’existence, la « crème de la crème de la vie »
De Charlie Parker qui aurait fait un merveilleux disque de bossa-nova s’il en avait eu le temps
De sa première petite amie qui serrait contre son cœur le vinyle With the Beatles
Des matchs de base-ball si souvent perdus par son équipe préférée
De cette femme si laide et si séduisante qui écoutait le Carnaval de Schumann
Du singe qui lui avait confessé voler le nom des femmes qu’il ne pouvait séduire
De ces costumes qu’on endosse pour être un autre ou être davantage nous-même.

Un homme, Murakami peut-être, se souvient que tous ces instants, toutes ces rencontres, anodines ou essentielles, décevantes ou exaltantes, honteuses ou heureuses, font de lui qui il est.

Evaluation :

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