mercredi , 20 novembre 2024

Stupeur et tremblements

Auteure: Amélie Nothomb

Editeur: Albin Michel – 1999 (174 pages) / Le Livre de Poche – 2001 (186 pages)

Lu en octobre 2023

Mon avis: Au début des années 90, la jeune Amélie, narratrice, est embauchée comme traductrice dans une grande compagnie nippone. Elle réalise ainsi un rêve : travailler au Japon, pays où elle a vécu quand elle était enfant et qui la fascine depuis lors, au point qu’elle a longtemps cru qu’elle était elle-même japonaise. Pas de chance pour elle, elle est Belge, c’est-à-dire Occidentale, ce qui lui vaudra bien des déboires dans son nouvel emploi. En effet, Amélie maîtrise assez bien la langue et les codes compliqués de la société japonaise mais, dans le feu de l’action et des situations kafkaïennes qu’elle est amenée à vivre, sa spontanéité toute occidentale (comprenez : totalement déplacée au Japon) reprend le dessus et lui fait commettre bourde impardonnable sur gaffe monumentale. Elle se voit ainsi progressivement rétrogradée de son poste déjà très subalterne à un placard à balai, en l’occurrence celui de Madame Pipi.

Entre cynisme et autodérision, ce roman (largement autobiographique, apparemment) est hilarant, en même temps qu’effrayant dans son compte-rendu de l’infernale culture d’entreprise japonaise, exploitante et humiliante au possible. Sans parler de la pression monstrueuse et schizophrénique que subissent en particulier les femmes (« S’il faut admirer la Japonaise – et il le faut, c’est parce qu’elle ne se suicide pas ». Ou « Le Japon est le pays où le taux de suicide est le plus élevé, comme chacun sait. Pour ma part, ce qui m’étonne, c’est que le suicide n’y soit pas plus fréquent »).

« Stupeur et tremblements » est donc un roman sur le choc des cultures entre Japon et Occident. On éprouve de la compassion pour cette anti-héroïne qui s’acharne en dépit du bon sens et de sa fierté personnelle, et de l’incompréhension pour cette société japonaise dans laquelle l’idée même de rébellion contre l’absurdité hiérarchique semble sacrilège. Le meilleur Nothomb parmi ceux que j’ai lus jusqu’ici.

#LisezVousLeBelge

Présentation par l’éditeur:

Au début des années 1990, la narratrice est embauchée par Yumimoto, une puissante firme japonaise. Elle va découvrir à ses dépens l’implacable rigueur de l’autorité d’entreprise, en même temps que les codes de conduite, incompréhensibles au profane, qui gouvernent la vie sociale au pays du Soleil levant.
D’erreurs en maladresses et en échecs, commence alors pour elle, comme dans un mauvais rêve, la descente inexorable dans les degrés de la hiérarchie, jusqu’au rang de surveillante des toilettes, celui de l’humiliation dernière. Une course absurde vers l’abîme – image de la vie, où l’humour percutant d’Amélie Nothomb fait mouche à chaque ligne.
Entre le rire et l’angoisse, cette satire des nouveaux despotismes aux échos kafkaïens a conquis un immense public et valu à l’auteur d’Hygiène de l’assassin le Grand Prix du roman de l’Académie française en 1999.

Evaluation :

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