Auteur: Donald Westlake
Editeur: Rivages/Noir – 2006 (620 pages)
Lu en 2013
Mon avis: Alors là, ça ne va pas du tout. Non mais allô, quoi, je suis inscrite sur Babelio et je n’ai jamais lu du Westlake? Mais pourquoi on ne me dit jamais rien, à moi ? Comment ai-je pu rester si longtemps dans l’ignorance de ce maître du polar jubilatoire ? Enfin, le hasard d’une brocante a réparé cette incurie.
On ouvre l’opus sur la rencontre entre Tom Jimson, récemment libéré (de prison, évidemment), et Dortmunder, ex-colocataire (de cellule, bien sûr). Le premier demande l’aide du second pour récupérer le butin d’un cambriolage commis 20 ans auparavant, et que Jimson avait planqué à l’époque en prévision d’un imminent séjour à l’ombre aux frais de la princesse, enfin, du gouvernement américain. Tellement bien planqué qu’aujourd’hui la cachette est immergée sous les tonnes d’eau d’un barrage, construit entretemps. Vraiment, c’est trop injuste… Mais il en faut d’autres pour décourager Jimson de récupérer le magot. D’ailleurs il a LA solution : faire sauter le barrage pour assécher le lac. C’est génial tellement c’est simple. Ah oui, au fait, la vallée en aval et tous ses habitants seront noyés… C’est plus que la morale de gentleman cambrioleur de Dortmunder peut en supporter. Avec quelques collègues de « travail », ils décident alors de mettre sur pied un plan B, puis un plan C, puis…
Au début c’est un peu déroutant : c’est un polar mais on n’y voit jamais la police. On est dans le milieu des cambrioleurs professionnels mais on n’y croise que des voleurs gaffeurs. On sent déjà qu’on va sourire à quelques reprises, et là on n’est pas déçue, parce que c’est un festival de situations rocambolesques et de dialogues surréalistes, le tout complètement barré. On verrait bien ça adapté au cinéma par les frères Coen ou par Tarantino (la débauche sanglante en moins), un amalgame entre les crétins de Burn after reading et le Javier Bardem de No country for old men (qui, comme Jimson, convertit un sauna en congélateur par sa seule présence).
Bref, des péripéties absurdes et une galerie de personnages décalés (mention spéciale à la scène du mariage et au personnage de Bob), on rit presque à chaque page. C’est savoureux et on en redemande ! Allô ? A l’eau…
Présentation par l’éditeur:
Rentrant chez lui après un cambriolage, Dortmunder découvre avec effroi que son appartement est occupé par un ancien compagnon de cellule dont tout le monde croyait et espérait qu’il resterait derrière les barreaux jusqu’à la fin de ses jours. Quelque temps avant sa détention, le dénommé Tom Jimson ( !) avait réussi un gros coup dont il avait enterré le produit dans la petite ville de Putkin’s Corners.
Hélas, pendant qu’il était nourri et logé aux frais de l’Etat, les autorités en ont lâchement profité pour édifier un barrage et engloutir toute la vallée. Résultat : le butin gît désormais sous vingt mètres d’eau. Mais Tom a un plan, efficace et radical : faire sauter le barrage pour assécher le réservoir et récupérer son magot. Que les populations locales périssent noyées dans l’histoire n’est pour lui qu’un détail. Un détail d’importance majeure, pense Dortmunder qui ne veut pas se faire complice de pareil forfait. Il faut d’urgence détourner Tom Jimson de ses projets…
Dégâts des eaux ou l’histoire du fric dans la vallée est la preuve incontournable queWestlake est comme Dortmunder : il n’hésite pas à se lancer de grands défis. La différence, c’est que Westlake, lui, est toujours gagnant. Ce roman est l’un de ses chefs-d’œuvre.
Quelques citations:
– « Franchement, Al, la qualité du personnel de nos jours, c’est un vrai scandale.
– Oui, sûrement.
– Toi et tes potes, vous avez un peu de mal à régler le problème visiblement, mais au moins, vous êtes sérieux et fiables.
– C’est juste.
– Et vous ne vous mettez rien dans le nez, à part vos doigts.
– Hmmm.
– Et rien dans les veines, non plus.
– Mon sang et moi, on a fait un pacte, dit Dortmunder alors qu’ils atteignaient le rez-de-chaussée et marchaient vers la porte d’entrée défoncée. Il fait son boulot et je ne l’emmerde pas ».
– « Alors que son cerveau était sans doute une merveilleuse machine, encore plus merveilleuse que tous les ordinateurs qui envahissaient le salon, l’emballage n’était pas de première qualité. Dès l’enfance, Wally Knurr avait compris que son apparence le plaçait en dehors du spectre des physiques jugés acceptables par la majorité des gens. La plupart d’entre nous peuvent dénicher un coin de la planète où notre visage correspond plus ou moins à l’échantillon local de l’humanité, mais pour Wally, le seul espoir résidait dans le voyage spatial ».
A moi non plus, on n’a rien dit. Snif. Je ne connais pas non plus cet auteur. Enfin maintenant si. Merci.
Je ne suis peut être pas encore prête pour ce genre de lecture mais je note ton avis enthousiaste