Auteur: Laura Kasischke
Editeur: Le Livre de Poche – 2014 (312 pages)
Grand prix des lectrices de Elle (2014)
Lu en juillet 2015
Mon avis: Nous voici fin octobre, bientôt Halloween, et puis on pourra commencer à penser à cette période tant attendue de Noël, qui angoisse certaines âmes sensibles paniquant à l’idée de devoir feindre la joie et la bonne humeur alors qu’elles auraient plutôt envie d’hiberner, roulées en boule dans un coin en attendant que ça passe, mais qui en enchantent d’autres, toutes heureuses de retrouver leur âme d’enfant en même temps que le cortège de réjouissances chaleureuses : le repas en famille et/ou avec les amis les plus proches, la dinde, le sapin, les cadeaux déballés auprès du feu dans la cheminée, tout un petit monde serré bien au chaud pendant qu’au dehors le Père Noël soigne ses engelures sur son traîneau made-in-Laponia.
L’histoire ne le dit pas, mais voilà sans doute la vision du bonheur simple qu’avait Holly avant de se réveiller en retard le jour de Noël. Parce dès qu’elle ouvre les yeux ce matin-là, cette mère de famille de la classe moyenne américaine a un mauvais pressentiment : « quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux ». La Russie, pays d’origine de Tatiana, leur fille adoptive, que Holly et son mari sont allés chercher treize ans plus tôt dans un orphelinat sibérien tout ce qu’il y a de plus sinistre. Sinistre, mais aussi maléfique, s’il faut en croire le monologue mental de Holly, qui, tout en essayant de rattraper le retard pris dans la préparation du repas de Noël, ressasse en boucle tous les événements étranges qui se sont produits depuis l’arrivée de Tatiana. Et d’ailleurs, où est-elle, Tatiana ? Dort-elle encore ? Est-elle fâchée de ne pas avoir pu ouvrir ses cadeaux dès l’aube ? Pourquoi est-elle tour à tour apathique, agressive, méprisante, hystérique ? Est-ce seulement parce qu’elle est une ado de 15 ans ? Ou est-ce parce que « quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux » ? Ce leitmotiv ponctue le récit de cette matinée angoissante et enferme la mère et la fille dans un dialogue de sourdes en même temps que le blizzard les enferme dans leur maison, les isolant du monde extérieur, coinçant Eric, le mari de Holly, sur la route de l’aéroport où il est parti chercher ses parents.
Dans ce huis-clos causé par la tempête, à moins que ce ne soit par cet « esprit d’hiver » malsain, la tension monte en même temps que la neige s’accumule, partant d’un incident banal pour aboutir à la révélation d’un drame terrible. De flash-backs en questionnements intérieurs, du pur bonheur d’être enfin mère au sentiment complexe de culpabilité d’en être une mauvaise, Holly est constamment sur le fil, et le lecteur aussi, qui hésite entre thriller psychologique et conte macabre façon E. A. Poe. Et c’est là que j’ai trouvé ce roman un peu décevant. Le suspense s’installe lentement au fil des introspections de Holly et des attitudes étranges de Tatiana, et même si c’est parfois laborieux, ça reste assez efficace, et donc je m’attendais à autre chose, je ne sais pas quoi exactement, mais autre chose que cette conclusion, certes glaçante, mais presque trop rationnelle. Tout ça pour ça, en somme.
Heureusement, ce soir c’est Halloween. Gare aux esprits d’automne ?!
Présentation par l’éditeur:
Lorsqu’elle se réveille ce matin-là, Holly, angoissée, se précipite dans la chambre de sa fille. Tatiana dort encore, paisible. Pourtant rien n’est plus comme avant en ce jour de Noël. Dehors, le blizzard s’est levé ; les invités ne viendront pas. Au fil des heures, ponctuées par des appels téléphoniques anonymes, Tatiana devient irascible, étrange, inquiétante. Holly se souvient : l’adoption de la fillette si jolie, treize ans auparavant, en Sibérie… Holly s’interroge : « Quelque chose les aurait suivis depuis la Russie jusque chez eux ? » Un huis clos glaçant entre une mère et sa fille.
C’est le seul roman de l’auteure que je n’ai pas lu ! Du coup je vais hésiter