mardi , 19 mars 2024

Et qui va promener le chien?

Auteur: Stephen McCauley

Editeur: 10/18 – 1999 (400 pages)

Lu en juin 2018

Mon avis: Situé dans ce haut lieu du savoir et de la culture qu’est Cambridge (Massachusetts), censé former l’élite intellectuelle grâce à son université de Harvard, ce roman nous montre, assez paradoxalement, un fameux échantillon de loosers patentés qui feraient tache sur les brochures de présentation des prestigieuses facultés.

Nous avons donc Clyde, le narrateur, 35 ans, toujours pas remis de sa rupture avec Gordon, presque deux ans auparavant. Clyde donne un pseudo-cours de littérature à l’Académie Parallèle, une école pour adultes en mal d’objectifs de vie. Et ça tombe bien, parce que Clyde lui non plus ne sait pas trop quoi faire de la sienne et, en attendant, se laisse porter par l’inertie. L’inertie qui est aussi la grande force de Marcus, colocataire de Clyde, beau, hétéro, sur le point (depuis 10 ans quand même) de commencer la rédaction de sa thèse, et champion des relations amoureuses de courte durée. Il y a ensuite Louise, romancière en panne, l’amie de longue date de Clyde et l’une des ex de Marcus, qui vient d’obtenir une bourse de recherche à Harvard, et qui revient donc dans la vie de nos deux compères avec son fils Ben et Otis, un chien recueilli le long d’une autoroute, manifestement abandonné et traumatisé. En orbite de ces personnages, ajoutons encore le père de Clyde et le cortège de difficultés relationnelles père-fils, et Agnès, sa soeur, aussi dépassée que dépourvue de confiance en elle depuis son divorce, contrairement à sa fille Barbara, une ado qui semble avoir plus de plomb dans la cervelle que tous les autres réunis.

On observe ces personnages errer sans but et se télescoper de temps à autre dans les méandres de leurs vies étriquées. Les adultes sont tous immatures et pathétiques, incapables de s’engager, de prendre des décisions ou leur vie en mains. Ben et Barbara, les deux ados, apparaissent plus solides mais on leur souhaite bien du courage avec des modèles pareils. Tout cela donne lieu à des observations et des descriptions très fines, quelques situations drôlatiques (ah, les recettes de cuisine de la mère…) et beaucoup d’auto-dérision. Mais je ne dirais pas qu’il s’agit des « tribulations de cette joyeuse bande d’inadaptés, aussi loufoque qu’attachante » (4ème de couverture), mais plutôt d’une chronique amère et mélancolique de perdants larmoyants et peu sympathiques. Il n’y a que pour le chien que j’ai ressenti de la compassion.

Présentation par l’éditeur:

A trente-cinq ans, Clyde a l’impression d’être au point mort. À l’âge où d’autres sont à leur apogée, il a bien du mal à affronter les petites galères quotidiennes : entre le souvenir obsédant de son ex-petit ami, un job déprimant, un colocataire immature et une sœur un peu dépassée depuis son divorce, il a pris le parti de promener sur le monde un regard désabusé et incisif. Avec un humour décapant et plein de tendresse, Stephen McCauley nous raconte les tribulations de cette joyeuse bande d’inadaptés, aussi loufoque qu’attachante.

Evaluation :

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2 commentaires

  1. Ouais, c’est pas vraiment une lecture sympathique, même pour les soirs d’été. Pas enthousiaste du tout suite à ton ressenti.

    • En effet. Si tu veux du « gay friendly » qui laisse un sourire aux lèvres, je conseille les Chroniques de San Francisco!