Auteur: Agustina Bessa-Luís
Editeur: Métailié – 2002 (320 pages)
Lu en juin 2018
Mon avis: Il y avait bien longtemps qu’un roman ne m’avait pas autant ennuyée. Il m’est tombé des mains plusieurs fois et j’ai vraiment failli l’abandonner, mais, masochiste, j’ai continué jusqu’à la dernière page en espérant un déclic, mais non.
De cette lecture en diagonale mais malgré tout pénible, j’ai cru comprendre que :
– il s’agit de l’histoire d’un trio infernal : Antonio, riche héritier d’une grande propriété viticole du Douro, épouse Camila, jeune fille de bonne famille désargentée, tendance sainte-nitouche et comparée à Jeanne d’Arc mais dont la mystérieuse innocence pourrait bien cacher une nature démoniaque, et qui déclenche autour d’elle des vagues de perversité et de frustration. Entre les deux, Vanessa, maîtresse d’Antonio (mais en réalité quasi épouse en titre, installée à demeure sous le même toit que le couple légitime), mère maquerelle et femme d’affaires plus mafieuses les unes que les autres.
– tout ceci se passe dans un Portugal post-Révolution des Oeillets, dans les années 80 ou 90, ce n’est pas clair, mais en tout cas on parle d’ordinateurs et d’internet. Bref, une époque où le pays est en pleine mutation, où on a l’impression de passer d’une société presque féodale à une société d’argent et de consommation dans laquelle les nouveaux riches font la loi (lisez : leur loi), et où on nous fait comprendre que ce passage est en réalité une glissade vers une société décadente voire dégénérée, avec criminalité, alcool, drogues, prostitution et trafics en tous genres.
Mais pour ce qui est de comprendre quel jeu jouent Antonio et Vanessa en infligeant tant de sévices à Camila, et pourquoi celle-ci laisse faire, ou les raisons de cette dérive de la société, ne comptez pas sur moi pour l’expliquer. On devine bien qu’il est question de rapports de domination, de pouvoir, de révolte, d’ancien monde et de nouvelle barbarie. Mais l’écriture est tellement elliptique qu’on peine à comprendre ne serait-ce que la nature des sévices en question, les comportements contradictoires des uns et des autres, ou la raison d’une telle évolution des moeurs. De plus, le style laisse penser que l’histoire est située au 19ème siècle, et il faut constamment faire un effort pour se rappeler qu’on se trouve seulement à deux ou trois décennies d’aujourd’hui. C’est tellement bourré de digressions psycho-philosophiques avec sauts dans le passé et dans le futur qu’on perd le fil au milieu de toutes ces circonvolutions savantes. D’ailleurs, si quelqu’un pouvait m’expliquer : « Le principe de l’incertitude reste suspendu à l’admiration comme un nid à un rameau. Le nid peut bien être abandonné, il oscille encore entre le souci de sa nichée et sa vocation à une vie nouvelle ».
Je me demande bien comment Manoel de Oliveira s’est débrouillé pour y trouver matière au film éponyme. Mais il faut préciser que parmi les scénaristes de celui-ci se trouvait Agustina Bessa-Luís.
Présentation par l’éditeur:
A travers l’histoire de l’héritage d’une grande propriété viticole, Agustina Bessa-Luís regarde une société contemporaine qui n’a plus conscience de ses limites. Fidèle à son écriture dense, aux phrases fulgurantes à recueillir comme des axiomes, elle déploie devant le lecteur la somptueuse et verdoyante vallée du Douro, où les anciennes familles pourrissent de tant d’inertie, de tant de nostalgie d’un passé introuvable, et où les nouveaux riches ont des comportements d’un machiavélisme sadique pour garder leur tout nouveau pouvoir.
Elle étudie la jeune Camila, à l’éducation parfaite, quand elle épouse Œillet Rouge, le jeune héritier. Très vite exaspéré par son indifférence et son calme, le jeune homme va se conduire comme un barbare, avec sa complice, Vanessa, propriétaire d’une boîte de nuit, mêlée à des trafics louches, elle aussi fascinée par Camila.
L’auteur nous fait avancer dans cette intrigue au pas de ses protagonistes, entre masochisme et violence sourde, entre soumission et révolte.
Ce roman est à l’origine du dernier film de Manuel de Oliveira présenté à Cannes en mai 2002.
Dur, dur, de s’accrocher à un livre inintéressant ! Quelquefois on persiste quand même… J’essaie maintenant d’arrêter les mauvaises lectures, mais je conviens que ça reste difficile.
Allza, zou, au suivant !
Oui c’est difficile d’abandonner un livre, on se dit qu’on passe peut-être à côté de quelque chose…