jeudi , 16 mai 2024

Hamnet

Auteur: Maggie O’Farrell

Éditeur: Belfond – 1er avril 2021 (368 pages)

Lu en avril 2021

Mon avis: Le 11 août 1596, Hamnet, onze ans, emporté par la « pestilence », est enterré au cimetière de Stratford-upon-Avon. Il laisse sur Terre, inconsolables, sa sœur jumelle Judith, sa soeur aînée Susanna, sa mère Agnes et son père, qui n’est jamais nommé mais dont on sait qu’il n’est autre que William Shakespeare.
Depuis 14 ans, Agnes et son mari forment un couple improbable. Lui, instruit, rêveur, fils d’un gantier aisé et violent, ne sachant que faire de sa vie, est tombé fou amoureux, à 18 ans, d’Agnes, fille de la campagne, illettrée mais savante des choses de la Nature et de l’âme humaine, un peu guérisseuse, un peu voyante, avec ce que cela comporte de don et de malédiction.
Le roman alterne les chapitres consacrés au drame de la mort d’Hamnet et de son enterrement, et ceux des jours heureux, relatant la rencontre d’Agnes et William, la naissance de leur amour, leur vie commune, plus tard mise à l’épreuve lorsque le futur Barde immortel s’installe à Londres pour bâtir sa carrière. La seconde partie, plus linéaire, décrit la vie ou la survie des personnages après ce deuil innommable, et leur résilience en dépit de tout.
L’auteure le précise, ce roman est une fiction, extrapolée à partir des bribes d’informations glanées dans les registres paroissiaux ou les rares documents officiels de l’époque. Une histoire fictive, donc, mais totalement crédible. Mais qu’on ne s’y trompe pas, ce texte n’est pas une biographie romancée de la vie de Shakespeare, ou alors en contrepoint. Le personnage principal n’est pas Hamnet non plus, c’est Agnes, instinctive, lumineuse, libre, entière, amoureuse, mère-louve jusqu’au bout des griffes, qui tuerait la Mort pour ne pas qu’elle emporte ses enfants. Le portrait sublime d’une femme, mais aussi des autres femmes qui occupent les devants de la scène de ce roman : mère, fille, sœur, grand-mère,…
Avec « Hamnet », je découvre la plume de Maggie O’Farrell, et je l’ai trouvée d’une beauté à couper le souffle. Elle a un don pour nous immerger dans le quotidien de l’époque, avec force détails et descriptions mais sans être didactique ou rébarbative, juste captivante. Elle décrit les sentiments de chacun avec une justesse et une finesse impressionnantes, et surtout, elle distille au fil des pages une émotion, des émotions, c’est poignant, bouleversant à vous mettre les larmes au bord des yeux.
Une magnifique découverte, un de ces rares romans dont on voudrait qu’il continue même après la dernière ligne. Souvenez-vous de Hamnet.

En partenariat avec les Editions Belfond via Netgalley.
#MaggieOFarrell #NetGalleyFrance

Présentation par l’éditeur:

Un jour d’été 1596, dans la campagne anglaise, une petite fille tombe gravement malade. Son frère jumeau, Hamnet, part chercher de l’aide car aucun de leurs parents n’est à la maison…
Agnes, leur mère, n’est pourtant pas loin, en train de cueillir des herbes médicinales dans les champs alentour ; leur père est à Londres pour son travail ; tous deux inconscients de cette maladie, de cette ombre qui plane sur leur famille et menace de tout engloutir.
Porté par une écriture d’une beauté inouïe, ce nouveau roman de Maggie O’Farrell est la bouleversante histoire d’un frère et d’une sœur unis par un lien indéfectible, celle d’un couple atypique marqué par un deuil impossible. C’est aussi l’histoire d’une maladie « pestilentielle » qui se diffuse sur tout le continent. Mais c’est avant tout une magnifique histoire d’amour et le tendre portrait d’un petit garçon oublié par l’Histoire, qui inspira pourtant à son père, William Shakespeare, sa pièce la plus célèbre.

Evaluation :

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2 commentaires

  1. Merci pour cet article qui donne envie de découvrir le roman !