Auteur: André-Marcel Adamek
Editeur: La Renaissance du Livre – 2003 (224 pages)/ Espace Nord – 2005 (249 pages)
Lu en novembre 2022
Mon avis: Il était une fois ce qui restait de l’humanité après une explosion nucléaire. Accident ou guerre, nul ne le savait, mais l’essentiel était ailleurs : survivre alors que presque tous sont morts et presque tout dévasté, brûlé, contaminé, irradié.
Au moment de la catastrophe, Anton Malek visitait une grotte souterraine dans les Ardennes belges. Ayant survécu aux éboulements, enfoui sous terre, il comprit qu’il y avait un problème quand il réalisa que personne ne venait à son secours. Finalement parvenu à s’extraire du gouffre, il découvrit l’ampleur du cataclysme. Il décida alors de se diriger vers la mer, persuadé que la zone côtière serait moins dégradée. Au terme d’un pénible périple et de rares rencontres, il s’installa dans une petite communauté de survivants, où régnaient organisation, solidarité, bienveillance et courage. Et Malek se prit à espérer en un monde meilleur : « Dans cette grande nuit qui s’était abattue sur la terre, ils se réveilleraient un jour, blessés, difformes sans doute, les mains écorchées et les yeux sans couleur, mais éblouis par la pureté regagnée des limons et des sables. […] Sans révolte ni compassion, ils avaient anéanti des milliers d’espèces, corrompu les sources et les mers, massacré leurs frères pour un champ de pétrole ou quelques galets d’uranium, souvent aussi pour la gloire imbécile des drapeaux. Et puis enfin, ils étaient allés jusqu’au bout de la terreur en détruisant les villes et leurs peuples. Leur longue et terrible épreuve allait les réconcilier à jamais avec la terre. Alors, la grâce retrouvée balaierait la fureur des dieux assassins. Les hommes n’éprouveraient plus de honte à embrasser les arbres de leur corps nu, ni les femmes à caresser les longs cheveux des algues et d’en haleter de bonheur ». Mais Malek en fut pour ses frais, et l’humanité eut tôt fait de retourner à ses travers.
Dans cette dystopie post-apocalyptique, Adamek ne nous épargne rien des horreurs dont les humains sont capables : stigmatisation, racisme, antisémitisme, instrumentalisation de la religion, mensonge, vol, viol, meurtre, cannibalisme. Sous sa plume souvent glaçante, plus rarement poétique, la solidarité perd du terrain, tandis que l’individualisme et l’intolérance ont l’avenir devant eux. A moins qu’une lueur d’espoir parvienne à percer à travers cette épaisse noirceur…
« La grande nuit », de lecture facile et addictive, est un conte cruel, plutôt pessimiste quant à la nature humaine et à ses pulsions (auto)destructrices. Ce texte, publié il y a près de 20 ans, résonne curieusement (prémonitoirement?) en cette ère d’anthropocène. Et, toutes proportions gardées, les espoirs de Malek m’ont fait songer à l’éphémère « monde de demain », que d’aucuns annonçaient au tout début du premier confinement au printemps 2020. Quoi qu’il en soit, malgré le thème très sombre et sans que je comprenne bien pourquoi, ce diable d’Adamek (paix à son âme) est à nouveau parvenu à me secouer, et même à m’émouvoir.
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Présentation par l’éditeur:
Le Château rouge est une grotte souterraine qui vient d’être ouverte au public.
Lors d’une visite, un séisme violent emporte les passerelles et les galeries s’effondrent. Seules deux personnes survivent à la catastrophe : Anton Malek, un spécialiste du comportement animalier, et Marie, une vieille dame venue de Bruges. Les rescapés attendent en vain du secours, mais aucun signe de vie ne parvient de la surface.