Auteur: Christian Bobin
Editeur: Gallimard – 1997 (112 pages)/Folio – 1999 (110 pages)
Lu en décembre 2023
Mon avis: J’ai eu envie de terminer 2023 en lisant des mots d’amour.
Comme personne ne m’a envoyé de lettre enflammée dernièrement, j’ai extrait de mes piles de bouquins à lire ce petit livre de Christian Bobin, dont j’entends dire le plus grand bien depuis longtemps (de l’auteur en général et de ce texte en particulier).
Et donc, la « plus que vive », c’est Ghislaine, grand amour de l’auteur, foudroyée à 44 ans par une rupture d’anévrisme. Une femme dont on comprend qu’elle était lumineuse, aimante, rieuse, terriblement libre et vivante, un peu femme-enfant.
Parce qu’il refuse son absence et le manque insondable, Christian Bobin parle d’elle au présent, il s’adresse à elle comme si elle était encore là. Et pour lui, elle l’est certainement, encore et toujours.
Des mots d’amour, donc. Il n’y a pas lieu de douter de leur sincérité ni de leur éternité. Mais ils m’ont à peine touchée.
Trouvez-moi insensible si vous voulez, pensez que je ne connais ou ne comprends rien à l’amour si ça vous chante, mais j’ai beau essayer, ces mots je les trouve doux et jolis, poétiques ou philosophiques, apaisés et apaisants, mais trop lisses et trop sages. Et dans mon esprit, je n’arrive pas à concilier sagesse et amour fou (celui que l’auteur dit éprouver pour Ghislaine), ce serait comme marier l’eau et le feu : le feu s’éteint dans un nuage de vapeur, il ne reste que de l’eau tiède.
Et donc cet amour de l’auteur pour Ghislaine, je ne l’ai pas ressenti, je ne me suis pas sentie concernée, même plutôt exclue de cette histoire, et ces mots ne m’ont pas donné envie d’être aimée de cette façon.
Je n’ai pas envie de me justifier et d’argumenter davantage, déçue par cette lecture dont j’attendais sans doute trop (comme souvent).
Mais cela ne m’empêche pas de vous envoyer mes meilleurs voeux pour l’année 2024, que je vous souhaite remplie de chaleur humaine, de petites et grandes joies et de belles découvertes, littéraires et autres.
Présentation par l’éditeur:
Tu meurs à quarante-quatre ans, c’est jeune. Aurais-tu vécu mille ans, j’aurais dit la même chose : tu avais la jeunesse en toi, pour toi. Ce que j’appelle jeune, c’est vie, vie absolue, vie confondue de désespoir, d’amour et de gaieté. Désespoir, amour, gaieté. Qui a ces trois roses enfoncées dans le cœur a la jeunesse pour lui, en lui, avec lui. Je t’ai toujours perçue avec ces trois roses, cachées, oh si peu, dessous ta vraie douceur.
Une citation:
– Tu connais bien cette pièce, ce bureau, tu sais, sur ma droite, il y a ce mur de livres et des noms sur les livres, des noms parfois imposants, intimidants, et je me dis aujourd’hui, parce que l’événement de ta mort me ramène à cette misère élémentaire, commune, bienfaisante, je me dis que ces gens-là aussi, même les plus austères, les plus égarés dans la pensée, je me dis qu’ils ont connu cette misère-là, à leur insu ou non, cela importe peu, oui même les plus fiers et les plus savants n’ont jamais fait que suivre cet instinct-là, enfantin, naïf: écrire pour réparer l’irréparable.