mardi , 10 décembre 2024

La vie d’une autre

Auteur: Frédérique Deghelt

Editeur: Actes Sud/Babel – 2008 (340 pages)

Lu en novembre 2015

lavie d'une autreMon avis: La mémoire et l’oubli. Deux concepts que Marie va expérimenter au plus profond de son être, bien malgré elle. Jugez plutôt : s’endormir un soir en 1988, dans les bras d’un homme rencontré quelques heures auparavant, et se réveiller le lendemain, ou pas exactement, puisqu’à votre agenda ce matin-là, il est douze ans plus tard, et que vous êtes mariée à l’homme de la veille (celle de douze ans plus tôt), avec trois enfants à votre actif, voilà de quoi déclencher une panique neuronale sans précédent, dès lors que vous ne vous rappelez rien de rien de ces douze années. Marie fait alors le choix de se taire et d’entrer dans cette nouvelle vie (la vie de l’autre « elle-même ») en faisant semblant, en rusant, bluffant, improvisant avec ce mari, ces enfants et cet entourage dont elle ignore tout. Tandis qu’elle enquête discrètement sur son propre passé à travers les albums-photos, les agenda et toute la paperasse accumulée dans une maison en douze ans de vie de couple, Marie réalise, après moult questionnements, au fil de ses découvertes, que cette amnésie brutale lui offre peut-être une seconde chance, une possibilité de réinventer sa vie, son couple, son amour, tous passablement étiolés.

Que penser d’une héroïne dont le cerveau disjoncte pour la protéger des difficultés liées à l’inévitable (à en croire l’auteur) usure du couple ? Heureusement que ça n’arrive pas à tout le monde…
Paradoxalement, cette perte soudaine de douze ans de mémoire est la seule chose que j’ai trouvé à peu près crédible dans ce roman (mais tout est relatif, hein…). J’ignore si cela peut réellement se produire, mais cela ne me surprend guère, vu la puissance du subconscient, ou la manière inouïe dont le cerveau s’auto-sabote parfois, dans la maladie d’Alzheimer par exemple.
Mais à part ça, le reste de l’histoire ne passe pas bien le cap de la vraisemblance : une jeune femme parfaite, belle, libre, qui rencontre un homme parfait, beau, libre, ils forment un couple parfait à faire s’étouffer de rage toutes les copines, ils ont trois beaux enfants parfaits eux aussi. Madame occupe un poste élevé dans une télé locale mais peut se permettre de tout plaquer du jour au lendemain, puisqu’ils sont riches, elle joue du piano (de Chopin à Piazzolla), prend des cours de théâtre, songe à écrire. Monsieur est un réalisateur de cinéma apprécié par la critique, ils partent en vacances en famille à l’île Maurice ou au « cabanon » (lire « sublime maison en pierre comme on en voit dans les magazines de déco ») dans le sud de la France, ou en amoureux n’importe où et n’importe quand, confiant leurs adorables marmots à leurs adorables grands-parents toujours disponibles. Allez donc vous identifier à des gens pareils.
Peu crédibles également le comportement des quelques « personnes de confiance » auxquelles Marie se confie, qui la croient sans moufter et sans l’emmener d’urgence à l’hôpital, et le fait que Marie parvienne si bien à donner le change sans collectionner les impairs. Quant à l’élément déclencheur de l’amnésie, il est le résultat de trop de coïncidences pour être réaliste.
Beaucoup de blabla dans ce roman, des dizaines de questions, un style qui en devient lourd, des personnages caricaturaux, des dialogues mielleux ou naïfs, tout ça m’a ennuyée, laissée indifférente. Si c’était plus vraisemblable, ça vous dégoûterait de la vie de couple.

Présentation par l’éditeur:

Marie a vingt-cinq ans. Un soir de fête, coup de foudre, nuit d’amour et le lendemain… Elle se retrouve douze ans plus tard, mariée, des enfants et plus un seul souvenir de ces années perdues. Cauchemar, angoisse… Elle doit assumer sa grande famille et accepter que l’homme qu’elle a rencontré la veille vit avec elle depuis douze ans et ne se doute pas du trou de mémoire dans lequel elle a été précipitée. Pour fuir le monde médical et ses questions, elle choisit de ne rien dire et devient secrètement l’enquêtrice de la vie d’une autre. Ou plutôt de sa propre vie. C’est avec une énergie virevoltante et un optimisme rafraîchissant que Frédérique Deghelt a composé ce roman plein de suspense sur l’amour et le temps qui passe, sur les rêves des jeunes filles confrontés au quotidien et à la force des choix qui déterminent l’existence.

Une citation:

– « Mon amour, mon amour, toi et moi nous ne ferons qu’un… Oui mais lequel?…« 

Evaluation :

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2 commentaires

  1. Pas vraiment envie de découvrir cette auteure, ni ce roman…

  2. J’avais adoré cette histoire, mais il est vrai que je me laisse souvent emporter par un style, des mots, une histoire sans trop me poser de questions. Bon dimanche.