mercredi , 24 juillet 2024

Requiem pour un paysan espagnol

Auteur: Ramón Sender

Editeur: Babel – 1990 (112 pages)

Lu en 2013

requiem pour un paysanMon avis: Espagne, aux temps de la guerre civile. Les cloches de l’église du village sonnent pour annoncer le début d’une messe de requiem, en mémoire du jeune Paco, fusillé un an auparavant. Dans la sacristie, Mosen Millan, le vieux curé, se remémore la courte vie de Paco. Il l’a vu naître, grandir, acquérir une conscience politique, se marier, mourir. Paco, enfant, se demandait déjà pourquoi les pauvres du village vivaient dans des grottes, et pourquoi personne ne les aidait. Devenu adulte, il choisira le camp de ceux qui aboliront la monarchie et les privilèges quasi-féodaux de la noblesse espagnole. L’arrivée au pouvoir des phalangistes brisera brutalement ces idéaux et ceux qui les portent. Paco n’échappera pas au peloton d’exécution, une fois sa cachette dénoncée par Mosen Millan lui-même.
Très court roman (à peine 90 pages), au style sobre, qui ne laisse passer que peu de sentiments et ne permet pas de rendre les personnages attachants. Le récit est très descriptif, presqu’un documentaire ethnographique, et rend très bien les différentes scènes de la vie du village, on s’y croirait. De même pour l’atmosphère oppressante de peur et d’insécurité à l’arrivée des phalangistes, « bel » échantillon de la terreur qui régnera pendant cette période.
On comprend bien aussi que l’auteur est du côté républicain (voir sa biographie), et que l’Eglise ne bénéficie pas d’un grand crédit à ses yeux.
En bref, une lecture aisée, mais qui me laisse perplexe, un peu sur ma faim, sans que je puisse dire ce qui manque à cette histoire. Peut-être un manque d’émotions, ou alors au contraire un trop grand écoeurement pour le comportement du prêtre, trop abruti ou trop lâche pour comprendre et regretter les conséquences de ses actes. Charité chrétienne, qu’ils disaient…

Présentation par l’éditeur:

Pourquoi, lisant le « Requiem pour un paysan espagnol » de Ramón Sender, est-on saisi par la même fièvre qu’à la lecture de « L’Ami retrouvé » de Fred Uhlman, de « L’Accompagnatrice » de Nina Berberova ou du « Fusil de chasse » de Yasushi Inoué – pour ne citer que trois de ces récits dont on sait, à peine les a-t-on découverts, qu’ils demeureront à jamais gravés dans la mémoire? (…) La réponse tient en partie au moins, je crois, dans le double jeu de l’ellipse et de l’implicite, dans l’art, infiniment périlleux, de presque tout dire en disant peu. Avec son « Requiem », Ramón Sender fournit en tout cas une illustration parfaite. Ce qu’il donne à voir, à entendre, à comprendre là, c’est la dramaturgie de la guerre civile espagnole dans la société paysanne, alors même que cette guerre demeure pratiquement innommée – ce qui, déjà, en fait entrevoir le caractère innommable.

Evaluation :

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5 commentaires

  1. Récit court mais qui a le mérite d’évoquer cette période à travers les yeux d’un paysan ; un autre point de vue.

  2. Ah mince ! J’aime beaucoup, habituellement, les livres traitant de ce thème. Mais vu ce que tu en dis…

  3. La guerre d’Espagne reste une époque et une « aventure » mythiques. Merci pour ce partage.