Auteur: Philippe Grimbert
Editeur: Le Livre de Poche – 2004 (184 pages)
Grand Prix des Lectrices de Elle 2005 – Prix Goncourt des Lycéens 2004
Lu en 2013
Mon avis: Le titre l’annonce, l’objet, ou plutôt le sujet de ce récit autobiographique est un secret familial, un secret comme seules les familles en portent. Lourd, culpabilisant sans qu’on sache pourquoi, tétanisant, pesant comme une chape de plomb sur les épaules de leurs membres, qui ne peuvent s’en libérer et commencer à vivre pour eux-mêmes qu’en le perçant à jour, pour le meilleur ou pour le pire.
Quel est donc le secret de Philippe Grimbert? Au début rien n’est dit clairement, tout est elliptique. Quelques indices cependant : le narrateur est né peu après la seconde guerre mondiale, et son père Maxime a fait modifier leur nom de famille pour qu’il soit moins « remarquable ». Un M pour un N, un T pour un G, et la « tache originelle » est effacée. Ensuite on apprend que le petit Philippe a une santé fragile, qu’il distingue confusément la déception dans les yeux de son père, qui rêvait d’un fils à son image, beau, athlétique, sûr de lui, un dieu du stade. Mal aimé, solitaire, oppressé déjà par ce secret dont il ignore pourtant l’existence, le jeune garçon s’invente un grand frère, son exact opposé, celui que son père aurait voulu.
Difficile d’en dire plus, sinon que c’est par Louise, amie de la famille et infirmière, que les révélations arriveront des années plus tard, dans une deuxième partie de récit plus descriptive, où l’histoire de Maxime et de ses proches rencontre l’Histoire, avec pertes et fracas.
Roman court, poignant, tragique, tout en sobriété et en mélancolie, ce récit a certainement eu une fonction cathartique pour son auteur, devenu psychanalyste. Lui au moins a réussi à se dégager du carcan du secret, et porte désormais en lui la vérité, en toute liberté.
Présentation par l’éditeur:
Souvent les enfants s’inventent une famille, une autre origine, d’autres parents.
Le narrateur de ce livre, lui, s’est inventé un frère. Un frère aîné, plus beau, plus fort, qu’il évoque devant les copains de vacances, les étrangers, ceux qui ne vérifieront pas… Et puis un jour, il découvre la vérité, impressionnante, terrifiante presque. Et c’est alors toute une histoire familiale, lourde, complexe, qu’il lui incombe de reconstituer. Une histoire tragique qui le ramène aux temps de l’Holocauste, et des millions de disparus sur qui s’est abattue une chape de silence.
Psychanalyste, Philippe Grimbert est venu au roman avec La Petite Robe de Paul. Avec ce nouveau livre, couronné en 2004 par le prix Goncourt des lycéens et en 2005 par le Grand Prix littéraire des lectrices de Elle, il démontre avec autant de rigueur que d’émotion combien les puissances du roman peuvent aller loin dans l’exploration des secrets à l’œuvre dans nos vies.
très belle critique. je viens de l’acheter car j’ai envie de le lire depuis longtemps.
je découvre ton blog qui me plaît.
à bientôt
Merci beaucoup! 🙂