Auteur: Pablo Martín Sánchez
Editeur: La Contre Allée – 2017 (288 pages)/Zulma – 2022 (256 pages)
Lu en janvier 2025
Mon avis: Barcelone, 18 mars 1977, jour de naissance de l’auteur, futur oulipien. Ce n’est donc sans doute pas un hasard s’il a décidé de situer l’action de son roman pendant ces 24 heures décisives. Décisives non seulement pour lui puisque c’est le début de sa vie, mais aussi pour ses six personnages, dont les destins vont se trouver bouleversés en plus de se télescoper les uns les autres.
Il n’est pas inutile de rappeler que ces 24 heures décisives s’inscrivent dans le contexte espagnol post dictature franquiste, à l’heure de la transition démocratique, une heure instable et incertaine entre chien et loup, entre amnistie et espoir, entre règlements de compte et relents nauséabonds d’attentats et de bébés volés.
Six personnages donc, presque tous humains, presque tous en chair et en os.
Il y a Carlota, étudiante en journalisme un peu trop curieuse ; Gerardo, professeur d’université un peu trop mystérieux ; Solitario, un lévrier de course un peu trop vieux et maltraité ; Clara, fillette de onze ans que ses camarades de classe embêtent un peu trop ; Mr Raich, chef d’entreprise pas assez honnête ni intègre, et enfin Maria Dolores, ou plutôt son portrait, un peu trop fixée à son mur et dont la perception de la réalité est par conséquent un peu trop limitée, c’est-à-dire réduite au salon où elle se trouve accrochée et un peu au-delà grâce à la fenêtre.
Si certains de ces personnages ont déjà des liens plus ou moins serrés entre eux dès le départ, ils vont finir par tous se retrouver embarqués dans les mêmes événements, c’est assez prévisible compte tenu de la construction polyphonique et quasiment métronomique du roman. Cela n’enlève absolument rien à l’ingéniosité du récit et à sa drôlerie, et son côté fantasque ne masque pas la gravité des faits racontés, qui semblent malheureusement bien réalistes dans le contexte de cette époque trouble.
Présentation par l’éditeur:
Barcelone, 18 mars 1977. À minuit naît Pablo Martín Sánchez, et autant dire que les premières vingt-quatre heures de sa vie vont être mouvementées… Dans les rues, c’est l’effervescence, on rêve d’amnistie et tout semble redevenu possible. Ce jour-là, le hasard donne rendez-vous à Clara, Solitario, Gerardo, Carlota, M. Raich et María Dolores. Six personnages en quête de leur histoire, dont les destins vont s’entrechoquer, jusqu’à bouleverser celui de Pablo. Et si un jour contenait toute une vie ?
Polyphonique, enjoué, ingénieux et décalé, L’Instant décisif est superbement orchestré. Une véritable réussite.
