Auteur: Jesse Kellerman
Editeur: Sonatine – 2009 (471 pages)
Grand prix des lectrices de Elle (catégorie policier) – 2010
Lu en 2015
Mon avis: Epatée. Scotchée. Que dis-je. Epoustouflée. Emerveillée de voir comment je gobe encore en toute naïveté ce que me raconte la 4ème de couverture.
Avec la bénédiction du NY Times, du Guardian et de Harlan Coben (non, ne ricanez pas…), je me suis donc embarquée dans « le meilleur thriller de l’année » et « une intrigue machiavélique ». Je me demande si ce sont là des circonstances atténuantes, puisque j’aurais dû me rendre compte depuis bien longtemps qu’un tel auto-encensement par un éditeur, à coup de références plus ou moins illustres, ne sert qu’à pousser à la consommation sans garantie de qualité, quitte à fourguer de la camelote.
Je ne dis pas que le bouquin est mauvais, mais quand on s’attend à une intrigue échevelée « loin des polars calibrés habituels », on est déçue. En fait de « tension maximale », on est plutôt dans la saga familiale étalée sur 150 ans avec ses inévitables lourds-secrets-du-passé-qui-conditionnent-le-présent, mêlée à un « cold case » pédophile qui sera rouvert par la grâce d’une découverte artistique aussi fortuite que phénoménale. Et quant au côté « non-calibré », on a déjà lu plus original que ce jeune galeriste tombé dans le milieu artistique pour se rebeller contre le monde des affaires de papa, et qui pourtant ne cherche qu’à amasser du fric en dénichant le peintre du siècle, tant qu’à faire en se lançant dans une enquête pseudo-policière pour tromper son ennui.
Las ! ça n’a pas suffi à tromper le mien, d’ennui. Malgré quelques remarques sulfatées sur l’univers de l’art et ses mesquineries, c’est un peu trop emberlificoté, sans réel style, avec une fin bâclée et prévisible depuis la moitié du livre.
Vite lu, vite oublié, comme ces visages peints par Victor Crack (patronyme plutôt ironique, quand on y pense…).
Présentation par l’éditeur:
Lorsque Ethan Muller, propriétaire d’une galerie, met la main sur une série de dessins d’une qualité exceptionnelle, il sait qu’il va enfin pouvoir se faire un nom dans l’univers impitoyable des marchands d’art. Leur mystérieux auteur, Victor Crack, a disparu corps et âme, après avoir vécu reclus près de quarante ans à New York dans un appartement miteux. Dès que les dessins sont rendus publics, la critique est unanime : c’est le travail d’un génie. La mécanique se dérègle le jour où un flic à la retraite reconnaît sur certains portraits les visages d’enfants victimes, des années plus tôt, d’un mystérieux tueur en série. Ethan se lance alors dans une enquête qui va bien vite virer à l’obsession. C’est le début d’une spirale infernale à l’intensité dramatique et au coup de théâtre final dignes des plus grands thrillers. Bien loin des polars calibrés habituels, Jesse Kellerman, styliste hors pair, nous offre ici un roman d’une indéniable qualité littéraire qui, doublée d’une intrigue machiavélique, place d’emblée le livre au niveau des plus grandes réussites du genre, tels Mystic River, de Dennis Lehane, ou L’Analyste, de John Katzenbach.
Une citation:
– « De nos jours, en particulier, il y a tout simplement trop d’oeuvres en circulation pour qu’une personne lambda puisse faire le tri entre les bonnes et les mauvaises. C’est le travail du galeriste. Nous sommes des créateurs aussi, sauf que nous créons des marchés et que notre production englobe les artistes eux-mêmes. Les marchés, à leur tour, créent des mouvements, et les mouvements des goûts, une culture, le canon de l’acceptabilité: en bref, ce que nous appelons l’Art avec un grand A. Une oeuvre d’art devient une oeuvre d’art – et un artiste un artiste – dès l’instant où je vous fais sortir votre chéquier »